Lac Baïkal

Le lac Baïkal est le plus grand réservoir d’eau douce au monde avec un volume représentant près de 20 % de la totalité contenue dans les lacs et rivières. En revanche, il n’est pas le plus grand en terme de superficie (le 6ème si mes infos sont correctes) mais il est le plus profond au monde avec une zone à plus de 1640 mètres de profondeur. Son eau est très pure et il est considéré sacré par les autochtones. Il possède un écosystème énorme avec plus de 1 500 espèce animales et plus de 600 espèces végétales dont plus de la moitié est endémique. Il est inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1996. Malheureusement, il est de plus en plus menacé par une pollution croissante, industrielle et surtout touristique à tel point qu’il avait été sur le point d’être inscrit dans la liste du patrimoine mondial en péril en 2013. Il y a eu quelques progrès depuis mais il reste encore de gros risques. Il est navigable de juin à septembre et est gelé le reste de l’année. L’épaisseur de la glace peut atteindre les 2 mètres à la fin de l’hiver et il est tout à fait possible d’y circuler en véhicules. (Oui, ça fait très guide touristique mais là, il fallait que je lâche quelques infos sur ce lac impressionnant).

Après l’étape à Moscou et le temps de voyage en train, il ne me restait pas beaucoup de temps de disponible. Je l’avait donc organisé de la façon suivante pour pouvoir voir le lac Baïkal : 1 nuit à Listvianka, petite ville de pêcheurs sur la rive nord, au sud ouest du lac et 1 nuit à Irkutsk. Beaucoup de touristes vont passer quelques jours sur l’île Olkhon mais c’était trop loin pour moi, je n’avais clairement pas le temps.

Irkustk → Listvianka

Je suis arrivé à Irkustsk le 21 février,  à 7 h 40, par le transsibérien n°2. A ma sortie de la gare, j’ai été assailli par les chauffeurs de taxi mais je les ai repoussés en me dirigeant d’un pas sûr vers les arrêts de bus, situés à une cinquantaine de mètres à droite de la sortie. Je les avais repérés discrètement en allumant ma clope (les arrêts de bus, pas les taxis. Eux, tu ne pouvais pas les louper). En fait, je n’avais pas la moindre idée de la direction qu’il fallait que je prenne. J’avais prévu d’arriver à Listvianka dans l’après midi donc j’avais un peu de temps. Mais il fallait que je trouve la bonne station de bus. Je savais qu’elle n’était pas à la gare (j’avais fait quelques recherches avant…) mais j’ignorais sa localisation exacte. Un petit coup de Google et j’avais deux lieux possibles : la gare routière (Irkutsk bus terminal) et le Central Market. Je décidais d’aller à la gare routière, située au nord est de la ville. Non pour une question de distance, c’était à peu équivalent depuis la gare à environ 4 km, mais je pensais qu’il y serait plus simple de communiquer en anglais. 4 km, en principe ça aurait du me prendre moins d’une heure de marche. Mais : Google map avait planté avec un pointeur à l’envers donc il me guidait vers mon point de départ. J’ai donc switché sur Maps.me et je suis arrivé à ce que je pensais être la gare routière. Mais absolument rien ne l’indiquait, pas de parking ni d’arrêts de bus. J’ai eu donc un gros doute. Maps.me a choisi de planter à ce moment là et je me suis retrouvé à tourner dans le quartier sans GPS. Au final, je suis retourné au bâtiment initial et j’y suis entré. Au pire, je pensais m’y renseigner pour trouver cette gare. C’était bien là, j’avais trouvé du 1er coup mais par habitude, j’étais parti du principe que je m’étais planté. Et j’ai perdu près de 2 h à tourner en rond… J’ai eu mon ticket vers 10 h pour un départ à 11h. J’avais le Harraps donné par l’Américain à Moscou mais j’ai eu beaucoup de mal à communiquer. Bref, mon ticket en main, j’ai patienté dans le bâtiment puis environ 20 minutes avant le départ, le bus étant annoncé, je suis passé par les portes donnant accès. En fait, c’était un petit espace clos en terre battue avec des petits poteaux représentant les points d’attentes. C’était visible depuis la rue, mais avec mon préjugé sur les gares routières, je n’avais pas compris que c’était ça. Le bus est arrivé et tout le monde (5 à 6 personnes) est monté à bord. Tout le monde ? Non. Pas moi. Sur mon ticket, il était indiqué bus n° 256 et c’était le 254. Donc j’étais tout seul à attendre dans une autre file, en mode “il arrive quand, le mien ?”. Et tous les autres, chauffeur compris, étaient en mode “il fait quoi le dernier passager ?”. Au bout d’un moment, le chauffeur est allé dans le bâtiment à la recherche du dernier et moi, j’ai fini par aller le voir pour lui demander la destination de son bus. En terme de bus, il est plus exact de dire que c’était un mini van d’une dizaine de places avec des suspensions très usées… très pratique pour renforcer son fessier. Le trajet jusqu’à Listvianka a duré un peu plus d’une heure. Entre temps, le chauffeur déposait ou prenait des passagers à un peu à l’arrache au bord de la route.  Le van nous a déposé près du centre ville, à côté d’un café nommé “Love Cafe”, fermé. Il y avait aussi un comptoir de la compagnie de bus. J’y ai pris directement un billet retour pour le lendemain à midi, au cas où il serait fermé.

Lac Baïkal

J’ai pu voir le lac gelé pour la 1ère fois peu avant Listvianka. La route le surplombait et on pouvait l’apercevoir de là.  Bien évidemment, une fois arrivé, la 1ère chose que j’ai faite a été de marcher dessus. C’était assez impressionnant, on sentait la glace qui bougeait en profondeur avec des craquements audibles à intervalles. A une centaine de mètres du rivage, je n’étais pas forcément très rassuré. De plus, malgré l’épaisseur de la glace, on pouvait voir à travers les profondeurs sombres du lac. Ça n’a pas déclenché mon vertige mais j’étais loin d’être à l’aise quand même. A certains endroits, il y avait des sortes de cairns de glaces. Des voitures, des hydroglisseurs et même des traineaux à chevaux y circulaient sans trop de problèmes. J’ai eu de la chance, il faisait beau et il ne faisait pas très froid avec environ -5°C. J’ai ensuite cherché un coin pour manger mais hors saison oblige, tout était fermé. J’ai réussi à trouver un restau un peu plus loin, le Proshly Vek. Je m’y suis posé et j’y ai gouté l’omoul grillé avec des champignons, l’un des principaux poissons pêchés dans le lac (l’omoul, pas les champignons).  Pas mauvais, ça ressemblait beaucoup au rouget. Il y avait aussi une radio diffusée et elle ne passait que des reprises de vieux succès internationaux US et anglais mais en russe. Spécial mais marrant. Après une pause douche/lessive à l’auberge, je suis redescendu sur le lac en fin d’après midi. Mon objectif était de prendre des photos de nuit sur le lac. Avec le peu de pollution lumineuse, j’espérais pouvoir en faire de très intéressantes. Alors sur le papier, c’était une bonne idée. Mais je n’étais clairement pas assez équipé pour ça. Une fois le soleil couché, la température chutait très fortement. De plus, un vent s’était levé le soir, pas violent mais assez mordant. Mes doubles couches gants en soie (qui étaient troués au niveau du pouce et du majeur en plus) et gros gants de ski n’étaient pas assez isolants et le vent passait à travers. Je ne pouvais presque plus bouger les doigts à cause du froid, ce qui posait un léger problème pour prendre mes photos. J’ai du donc y renoncer et rentrer au chaud à l’auberge. Néanmoins, j’ai pu avoir quelques clichés de coucher de soleil assez sympa.

 

Le lendemain matin, je suis allé au marché local situé au nord de la ville et j’ai acheté une paire de gants en cuir doublés. Il n’y a rien de mieux que le cuir pour couper le vent. Je les ai eus pour environ 20 €. Je n’avais pas trouvé cela excessif et je n’avais pas cherché à marchander (j’aurais peut être dû, je ne sais pas). Il y avait d’autres choses sur les étals, comme du poisson par exemple. Le lac était entièrement recouvert de givre bien que vu l’épaisseur, je ne sais pas si on pouvait encore parler de givre. A la place de la glace transparente de la veille, il y avait une couche blanche sur toute la surface et une légère brume. Ma théorie étant qu’au cours de la nuit, le froid intense crée de la glace supplémentaire mais superficielle, un peu comme on peut en avoir sur les voitures lorsqu’il gèle. Le matin, la température augmente, fondant une partie du givre formé qui est soulevé par le vent, créant ainsi une espèce de brume. L’après midi, tout le givre a fondu et la glace se retrouve à nouveau transparente.  Il y avait également une espèce de piste en construction avec des tribunes en glace. J’y ai passé la matinée (avec un petit détour à la poste – j’avais quelques cartes à envoyer) et j’ai pris mon bus pour Irkutsk. Je n’avais pas fait la même erreur que la veille et j’avais direct demandé la destination quand il est arrivé. Cependant, il nous a déposé à un endroit qui n’était clairement pas la gare routière ni le Central Market. J’étais un peu au sud du centre ville. Pas grave, je me suis dit que toute façon j’avais prévu de marcher jusqu’à l’auberge de jeunesse donc de là ou du terminal, ça ne changeait pas grand chose. Un truc m’avait intrigué cependant : tous les passagers avaient payé le chauffeur en descendant, chose qu’on n’avait pas fait la veille. Quand j’ai voulu sortir à mon tour, j’ai tendu mon ticket. Le chauffeur a fait une tête assez bizarre. En fait, je n’avais pas pris la bonne navette ni la bonne compagnie. Il existait plusieurs lignes Irkutsk – Listvianka, gérées par des compagnies différentes… Étant de bonne foi, je ne voulais pas payer deux fois mon trajet et le chauffeur avait très bien compris que mon erreur avait été involontaire et que j’étais juste un touriste complètement paumé. Il a donc passé un coup de fil et ça a pu s’arranger. Je pense qu’il s’est fait ensuite payé le transport par la compagnie où j’avais acheté mon ticket. A ma décharge, les mini vans n’avaient aucune marque distinctive et il n’y avait aucun logo permettant d’identifier qui était qui. De plus, il était arrivé tout seul à l’heure inscrit sur mon ticket ce qui avait rajouté à ma confusion.

 

A Listvianka, j’ai dormi dans une auberge de jeunesse un peu à l’intérieur des terres, à environ 10 – 15 minutes du lac. Pour y accéder, il fallait passer par une rue relativement étroite avec des parties gelées. J’avais bien repéré l’adresse sur Maps.me et j’ai pu la trouver assez facilement (pour une fois, yeah !). En fait, ça ressemblait plus un RnB. C’était une grande baraque principale avec d’autres petits chalets destinés pour des petits groupes. Ils étaient fermés, basse saison touristique oblige. La 1ère règle était de laisser ses chaussures dans le sas d’entrée, pour éviter de salir tout l’intérieur avec nos traces de glace fondue.  Il y avait une grande cuisine commune ainsi qu’une petite salle de bain/wc. Un petit truc à propos des WC : comme dans le train et dans beaucoup de pays asiatiques, le papier ne se jetait pas dans la cuvette mais dans une petite poubelle à côté. La pression de l’eau n’étant pas assez forte, jeter le papier dans la cuvette était le meilleur moyen de boucher les canalisations.

 

J’étais dans une chambre mixte de 3 lits avec une Française et un Japonais, tous les deux âgés d’une vingtaine d’années. Le Japonais était assez discret et il faisait le trajet inverse de celui que j’avais prévu : il venait de Hong Kong, avait traversé la Chine et la Mongolie et il comptais rejoindre Moscou par le transsibérien. La Française était une Parisienne qui connaissait très bien la Russie pour y être venue assez souvent et parlait russe. Elle voyageait seule depuis pas mal de temps et avait prévu d’aller sur l’île Okhlon quelques jours plus tard, le temps de trouver quelqu’un qui pourrait l’y amener en voiture sur le lac. Elle était très sympa et on a passé une bonne partie de la soirée à discuter. Par son expérience de voyageuse solo, elle m’avait donné quelques trucs et astuces. Elle faisait de la photo aussi mais avait lâché son reflex pour le remplacer par un Sony série alpha 6000 couplé à un 17 -50 mm, moins encombrant et plus léger. Elle avait également fait une remarque que j’avais trouvé très intéressante. De son point de vue, une fois qu’on a pris l’habitude de voyager seul(e), il est très difficile de voyager avec une autre personne ou en groupe. N’ayant fait que ce voyage en solo pour le moment, je ne peux confirmer ses dires mais cela paraît assez logique sur certains points. Seul, on a un rythme et un degré de liberté que l’on ne peut pas avoir à plusieurs. En groupe, des compromis sont forcément à faire. Choses dont on a perdu l’habitude à force de voyager seul. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose : à plusieurs, on a des points de vue et des centres d’intérêts différents qui peuvent rendre un voyage encore plus intéressant. Étant une bonne partie de la soirée seuls dans la pièce commune, nous avions discuté bien évidemment en français. Au bout d’un moment, un petit vieux (oui, il n’y avait pas que des jeunes dans cette auberge) est venu s’asseoir à la table, en face de nous. Sans rien dire, il nous observait en souriant. A force, la fille lui a parlé en russe pour lui demander de se joindre à notre conversation ou si on pouvait faire quelque chose pour lui. En fait, il ne voulait rien de tout ça. Il ne comprenait rien au français mais la sonorité de la langue et notre façon de parler lui plaisait beaucoup. Donc en nous entendant, il était venu pour juste nous écouter comme on pouvait écouter une chanson à la radio. (Combien de Français comprennent réellement les paroles des chansons en anglais à la radio ? ). C’était la 1ère fois que je voyais un truc comme ça. Du coup, on a continué à discuter comme s’il n’était pas là et il était tout content. C’était à la fois curieux et marrant.

 

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