Pugao et les rizières de Yuanyang

Yuanyang est une ville située au sud du Yunnan, dans les montagnes, près du Laos et du Vietnam. La région l’environnant est parsemée de rizières en plateau construites par les ethnies Hanis et Yis au cours des siècles.

Kunming – Pugao

Dans ma préparation, j’avais noté une guesthouse, la Belinda backpacker guesthouse, à Pugao qui me semblait parfaite, au cœur des rizières. Je suis parti de l’auberge de Kunming relativement tôt, vers 8 h. Je suis arrivé à Kunming station vers 8 h 30, ce qui me semblait correct, j’avais près de 8 h de route de prévu. J’ai pas mal tourné pour trouver la gare routière et manque de chance, ce n’était pas la bonne. C’était les navettes pour l’aéroport… En me renseignant sur place, ils m’ont noté le n° de bus et le nom en chinois pour rejoindre la bonne gare routière.  Je n’avais pas réussi à trouver l’arrêt de bus (qui était plus loin, dans les rues avoisinantes) et je commençais à perdre du temps, j’ai donc choisi de prendre le métro jusqu’à Kunming south station qui était la bonne station , d’après ce que j’avais compris. Problème : google map et maps.me n’étaient pas à jour et les lignes de métro sud ou les gares routières n’étaient pas indiquées… Je ne pouvais m’orienter que grâce aux informations locales que je pouvais trouver. Ce n’était pas gagné. Je suis arrivé à la station après  10 h 30, j’avais prévu de prendre le bus de 10 h 25, donc de base, je l’avais raté… Rebelotte, ce n’était pas la bonne gare routière ! La femme du comptoir m’a indiqué le bon terminal et après avoir repris le métro, j’ai pu enfin rejoindre la bonne gare : south coast… à 11 h 15. J’étais passablement énervé par la perte de temps. J’ai pu avoir un billet pour le bus de  12 h 30, pour 140 Y. Dans le parking, je n’avais pas pris de risque : j’ai demandé à tous les chauffeurs où était le bon bus en leur montrant mon billet. Durant l’attente du départ, on était littéralement harcelé par les vendeurs à la sauvette dehors mais aussi dans le bus. Ils proposaient un peu de tout : de la nourriture, des batteries, des écouteurs… J’avais voulu mettre mon sac à dos dans la soute, il ne tenait pas sur le porte bagage. Le chauffeur m’a fait comprendre que ce n’était pas peine, il n’y aurait pas suffisamment de monde donc je pouvais laisser mon sac sur le siège à mon côté. Effectivement, on n’était que 7 quand le bus est parti. J’avais presque 3 h de retard par rapport à mon planning.  Après 7 h 30 de routes, autoroutes puis routes tortueuses dans les vallées et les montagnes, je suis arrivé à Xinje vers 20 h. On avait eu un petit arrêt à Yuanyang où 4 personnes étaient descendus, le chauffeur avait aussi récupéré des cartons, probablement pour un service de livraison.

Xinje

Contrairement à Yuanyang qui était dans une vallée, Xinje était un petit village dans les montagnes et le dernier arrêt des bus grandes lignes. Ensuite, il fallait prendre les transports locaux : taxi privé ou mini bus public. A mon arrivée, j’ai été alpagué par deux hommes qui m’ont proposé de me conduire à Pugao. Ils avaient un min van donc j’ai cru que c’était un des mini bus publics. Après être monté, j’ai quand même eu un petit doute et avant qu’ils ne démarrent, je leur ai demandé le tarif : 100 Y ! Je leur ai expliqué que c’était trop cher pour moi et je suis redescendu. Ils ne m’ont pas lâché pour autant. La discussion qui avait suivit pouvait se résumer comme ça :

“Comment ça, trop cher ? Tu me prends pour un charter ?

– Je viens de payer 140 Yuan pour plus de 300 km et toi, tu veux me faire payer 100 pour à peine 20 km. Tu te foutrais pas un peu de ma gueule ?”

De son côté, le second, sachant que j’étais Français, m’avait montré des photos de lui avec des touristes Français.

“Regarde, j’ai déjà conduit des Français. Je leur ai même servi de guide pendant tout leur séjour ! Viens avec nous !

-C’est quoi le rapport ? Pour moi, t’es trop cher ! ”

Bref, je les ai laissés. Ils m’ont quand même dit que le service des minibus était fini pour la journée et que je n’aurai pas le choix. Ce à quoi je leur ai répondu “Pas de problème, je trouverai une solution !”. Il n’y avait effectivement plus de mini bus public après 20 h. Donc j’étais dans la mouise. Pugao était à un peu plus de 20 km de Xinje, à 4 km/h de moyenne, j’en avais pour plus de 5 h de marche. Plus de 6 h en comptant le fait que j’allais probablement me perdre. Donc je n’allais pas arriver à l’auberge avant 3 h du matin (il était presque 21 h). En me mettant en route, j’avais donc appelé la femme qui tenait la guesthouse (je l’avais sur wechat) pour lui expliquer la situation et pour la prévenir que j’allais arriver au cours de la nuit. Elle m’a alors expliqué que sa mère tenait un hôtel à Xinje et que je n’avais qu’à passer la nuit sur place. Elle m’annulait la 1ère nuit que j’avais réservé et j’avais une chambre pour le même tarif (35 Y) dans l’hôtel familiale. Très arrangeante ! Et elle parlait très bien anglais donc la conversation avait été des plus simples. J’étais déjà sorti du village, j’ai donc fait demi tour et rejoint la mère qui m’attendait au parking du bus grande ligne. Sur le trajet, j’avais de nouveau croisé les deux hommes qui m’ont fait “Alors ? T’as pas trouvé de solution, hein ? Viens, on t’emmène !”.  Ils ont tiré une gueule assez drôle quand ils m’ont vu repartir avec la femme.

L’hôtel ne payait pas de mine et il fallait savoir que s’en était un. Mais il était correct :  j’avais une chambre avec deux lits simples, un petit bureau avec une télévision et une salle de bain avec WC à l’occidentale. La chasse d’eau ne fonctionnait pas mais en versant une bassine d’eau dans la cuvette, ça faisait le taf. Petit détail : il y avait une brosse à dent + dentifrice en sachet qui étaient fournis ainsi qu’un gel douche, un shampoing, une serviette, un rouleau de papier toilette emballé et une multiprise. Tout ce qu’on pouvais attendre d’un bon hôtel. La  femme m’avait aussi prêté une bouilloire (propre ^^). Le seul bémol : j’ai du remplir moi même le registre. Tout était écrit en chinois, j’avais galéré. En lisant les lignes au dessus, j’avais réussi à deviner les colonnes correspondantes au nom et adresse. Le reste, j’avais écrit au hasard les informations qui étaient habituellement demandées… J’ai aussi vu que j’étais le seul client de la journée.

Arrivée à Pugao

Je suis reparti le lendemain matin vers 8 h. La femme m’a accompagné jusqu’au terminal pour que je prenne le bon mini van. On en a croisé un en chemin qu’elle a arrêté et j’ai pu prendre la route pour Pugao. Le mini bus m’a déposé une grosse demi heure plus tard, presqu’au pied de l’auberge. Elle n’était pas au bord de la route, il fallait prendre une ruelle avec des escaliers. Le chauffeur m’a fait payer 30 Y le transport. Spoil, il m’avait arnaqué. Deux jours plus tard, je suis reparti de l’auberge avec 3 autres Français  et on avait payé 15 Y par personne. Ils m’avaient aussi confirmé qu’ils avaient eu ce tarif pour l’aller. Bon, je m’en doutais un peu, dans les info que j’avais glanées avant de partir, j’avais noté que ça variait entre 10 et 20 Y mais je n’avais pas vraiment la motivation pour discuter ce matin là. Donc je suis arrivé à l’auberge vers  9 h.  J’ai été accueilli par un homme qui parlait très bien anglais. Il a voulu me faire payer la 1ère nuit que j’avais loupé mais en lui expliquant la situation suivit d’un petit coup de fil à la propriétaire, ça s’était arrangé. J’ai déposé mon sac et je suis reparti aussi sec pour revenir en fin d’après midi.

L’auberge Belinda Backpacker Guesthouse

 

Il y avait très peu de monde dans l’auberge. La 1ère journée, je n’avais vu qu’un homme âgé. De ma chambre, j’avais entendu un couple parler Français mais je ne les ai pas vu avant le lendemain et 3 Chinois sont arrivés le soir. La deuxième journée, les Chinois ainsi que l’homme étaient partis, remplacés par un autre homme d’une soixantaine d’année (un Français…) et un couple de Chinois. Le retraité était un voyageur solo depuis des dizaines d’années. Il nous racontait qu’à notre âge (il pensait que j’avais aussi une vingtaine d’années), il travaillait 6 mois au Canada et passait les 6 autres mois en Amérique du sud, sur les économies qu’il se faisait au Canada. Maintenant, ce système n’est plus trop possible, la réglementation a légèrement évoluée. J’étais seul dans ma chambre de 4 lits superposés, relativement petite. Les toilettes et la salle de bain étaient communes, sur le palier. Les murs étaient relativement fin et peu insonorisés. Quand les Chinois étaient dans leur chambre, j’entendais tout. Pas les Français en revanche, ils étaient à un étage supérieur. De même, on entendais très bien l’extérieur. La nuit était loin d’être calme : les grenouilles et les insectes s’en donnaient à cœur joie ! L’auberge vendait également des boissons : bières, eau en bouteille, soda et proposait un service de restauration. Ce qui n’était pas négligeable, il n’y avait pas de magasins dans Pugao ni dans les autres petits villages alentours ni d’échoppes de type street food. Ou du moins, aucun n’était ouvert (peut être parce qu’on était en basse saison touristique). Pour faire quelques courses, il fallait aller à Shengcun, le seul gros village du coin, à environ 1 h de marche au nord. 2 h aller/retour, ça ne me dérangeait pas vraiment. La petite route longeait les montagnes et on passait par des points de vue pas dégueu. Je pouvais emprunter un des mini bus qui passait régulièrement mais pour les 2 jours, je n’étais pas pressé. Le principal intérêt de cette région était le paysage donc je n’allais sûrement pas perdre mon temps enfermé dans un mini van. Pour revenir à l’auberge, il y avait aussi un patio, en plus de l’unique salle commune, dans lequel il y avait quelques informations disponibles sur les randonnées possibles dans le coin. Avec un plan. Très utile. Du moins… en théorie.

Pugao

Pugao est un petit village à environ 6 km au sud de Shengcun, au milieu des rizières. Il possédait un quartier traditionnel avec des maisons “champignons”, caractéristiques de la région. Il y avait également une place qui surplombait les rizières et servait pour une cérémonie annuelle avec un sacrifice de mouton ou de porc, je ne sais plus. Dans ses rues étroites et uniquement piétonnes, il n’était pas rare de croiser des poulets plus ou moins en liberté. Attention : il y avait bien entendu d’autres rues accessibles aux voitures mais elles n’étaient pas majoritaires. Il y avait également un système d’égout/caniveau qui finissait directement dans les rizières. Ce qui signifiait que l’eau des rizières était en partie constituée des écoulements des égouts. D’ailleurs, les abords de certaines rizières étaient jonchées de détritus amenés par le flux des eaux usées. Ce n’était pas spécifique à Pugao, j’avais vu la même chose dans d’autres villages comme Bada ou Puduo. Il y avait également des toilettes publiques assez sommaires : un petit bâtiment à quelques mètres au dessus des caniveaux. A l’intérieur, un plancher avec un trou.

 

Pugao servait également de point de départ de certaines randonnées. Il était à proximité du point de vue de Duoyishu, à une vingtaine de minutes de marche. Il y avait une terrasse aménagée dont l’accès était payant. Ils ne rigolaient pas : tout le périmètre était entouré de barbelés et de rideaux de bambous et l’entrée était fermée par des barrières à glissières. Quelques centaines de mètres plus loin, il y avait une autre terrasse dont l’accès était libre. La vue était moins photogénique mais franchement, elle était très bien aussi. Évidemment, je ne suis pas allé à la terrasse payante. De plus, il y avait des chemins (pas très stables) qui permettaient d’atteindre les rizières et d’autres points de vues. Pour mes photos, je préférais. Faire des milliers de kilomètres pour avoir les mêmes photos que des milliers de touristes avant moi, j’aimais autant l’éviter tant que possible. Il y avait trois point de vue principaux dans la région : Duoyishu, à côté de Pugao, Bada, au village Bada à l’ouest de Shengcun et Laohuzui, à côté de Mengpin plus loin au sud ouest. Les trois sites avaient des terrasses aménagées payantes sur les points de vues cartes postales mais également des accès libres. Au niveau des tarifs, j’ai pu comprendre qu’il y avait 3 prix : 35, 70 et 125 Y. Par contre, pour savoir les différences, impossible. Il n’y avait aucune traduction.

Je suis retourné au point Duoyishu au 2ème jour, au lever du jour pour avoir le soleil levant. Levé à 6 h30, ça piquait un peu. De ce point de vue, les rizières étaient sur la droite et le soleil à gauche éclairait toute la vallée. Pas de chance, le ciel était couvert de nuages. Quelques heures plus tard, j’étais dans les rizières à Pugao et les nuages sont arrivés à très grande vitesse sur la montagne et en l’espace de quelques secondes, je m’étais retrouvé dans le brouillard suivi d’un orage. J’ai du passer le reste de la matinée à l’auberge en attendant que ça passe. Ce fut l’occasion de discuter un peu avec le couple de Français qui étaient aussi coincés et qui venaient quasiment de se lever. Ils avaient une vingtaines d’années, la fille venait de Grenoble et le garçon de Lyon. Ils sont partis peu après pour une randonnée dans les rizières au départ de Shengcun. Une randonnée qui était indiquée sur un plan à l’auberge, que je comptais également faire. Mais je ne suis pas parti avec eux. Je préférais la faire à mon rythme. De plus, il pleuvait toujours et j’attendais que ça cesse avant de partir. Ils avaient prévu de rejoindre Shengcun en mini van et  comptaient sur le fait que l’orage cesserait pendant le trajet. Je comptais quant à moi tout faire à pied.  1 h plus tard, la pluie avait cessé et j’ai pu prendre le départ à mon tour.

Shengcun

Shengcun est une petite ville à environ 20 km de Xinje (6 km à vol d’oiseau) et à une cinquantaine de kilomètre de Yuanyang. La région était parsemée de petits villages et il était le principal centre urbain des environs. Sa rue principale était bordée de magasins et d’échoppes, pas forcément touristique. J’y allais relativement souvent pour y manger le midi ou y faire quelques courses. Pour une fois, il n’y avait pas cette ambiance tourisme de masse et une certaine authenticité se dégageait avec ses populations des ethnies Yi et Hani que je croisais dans les rues ou sur la route. Curieusement, seules les femmes étaient habillées en costumes traditionnels. Quelques kilomètres au sud, il y avait un mini marché de porcs noirs au bord de la route. Ils vendaient des porcs relativement petits et vivants. J’avais noté qu’il y avait également un marché mais je n’ai pas réussi à le voir. Ce ne devait pas être les bons jours… La nourriture était très bon marché. Par exemple, il y avait des échoppes qui vendaient des baozis énormes  sucrés ou fourrés à la viande pour 1 Y pièce.

 

Les randonnées dans les rizières.

En deux jours, j’avais fait deux randonnées principales. Le reste se limitait à des ballades dans le village ou dans les rizières aux alentours.

Pugao – Puduo

J’ai fait cette première randonnée, le jour de mon arrivée, de Pugao en direction de Puduo. L’itinéraire ne passait pas du tout par les rizières mais montait à l’ouest de Pugao dans la montagne. Il redescendait ensuite sur Puduo. Ce village était en deux zones : la haute et la basse. J’y ai vu des buffles, soit dans les rizières, soit dans la montagne.  Pour le retour, j’avais pris la route pour le début puis j’avais coupé dans la montagne. Ce ne fut pas une randonnée très longue, environ 2 h, mais certaines vues de la montagne n’étaient pas mal.

 

Shengcun – Bada

Cette seconde randonnée fut beaucoup plus longue. J’avais noté le trajet sur une carte à l’auberge et le départ se faisait de Shengcun. Le chemin traversait les rizières jusqu’à Bada. Ce qui tombait bien, je comptais photographier le site le soir, au soleil couchant. J’avais lu que c’était un bon spot pour ça. Spoil : ce n’était PAS du tout le cas… Vu qu’il pleuvait le matin, j’avais attendu que la pluie cesse et je suis parti de l’auberge vers midi. Après avoir fait le plein à Shengcun, j’ai commencé la randonnée et la 1ère difficulté s’est présentée : je n’arrivais pas à trouver le départ. D’après le plan, le chemin commençait à la sortie de la ville, au sud. Au bout de 20 minutes à chercher sur Maps.me (Google map pour les randonnées n’était d’aucune aide), j’ai pu enfin trouver le départ. C’était un escalier au bord de la route qui reliait Shengcun à Bada. Après quelques volées de marches, le chemin montait dans la montagne. Au bout d’environ 1 h de montée dans les bois, je suis arrivé à un espace dégagé où le chemin disparaissait. En tournant un peu, j’en avais trouvé un autre mais qui allait clairement dans la mauvaise direction. Il n’y avait aucun panneau pour s’orienter. Malheureusement Maps.me me localisait bien mais aucun chemin n’y était matérialisé. J’ai donc sorti ma boussole une 1ère fois (oui, j’ai du l’utiliser plusieurs fois…). Je connaissais la direction générale donc je pouvais m’orienter plus ou moins. La randonnée suivait la direction sud ouest sur la 1ère moitié puis nord ouest pour la 2nde moitié. En continuant à monter, je suis arrivé au sommet de la montagne, dans une forêt avec un chemin qui allait dans la bonne direction. Je commençais à être un peu sceptique. J’étais censé passer par les rizières et j’en étais loin…

En sortant de la forêt, je suis arrivé dans des broussailles d’herbes et de ronces. Le chemin était toujours visible mais était très étroit, ce qui signifiait peu de passage. Passé le sommet, j’ai commencé une descente dans une forêt et rebelotte : plus de chemin visible. J’ai ressorti ma boussole et j’ai continué à descendre. Quelques centaines de mètres plus loin, j’ai pu rattraper le chemin et j’ai fini ma descente dans un jardin privé avec un Chinois (et son chien) qui était très étonné de me voir. Là, je savais que je m’étais définitivement perdu. Il ne parlait pas anglais mais en lui montrant la carte, j’ai plus ou moins réussi à lui expliquer que j’allais à Bada. Il m’a accompagné à l’unique route qui menait à sa maison en conseillant de la suivre jusqu’à la route principale qui retournait à Shengcun. ça ne m’arrangeait pas. D’après ma position sur Maps.me, j’étais à peu près à mi parcours donc je devais partir vers le nord ouest. En descendant la petite route, je prenais chaque chemin que je voyais sur le côté en espérant trouver le bon. Quand je voyais que ça n’allait pas dans la bonne direction, je retournais sur la route et j’allais au suivant. A la 3ème tentative, j’avais enfin un chemin qui, je l’espérais, allais dans le bon sens. J’ai fini par atteindre un mini réservoir d’eau. En faisant le tour, j’arrivais à un embranchement avec un chemin qui partait au sud et un autre au nord. J’ai donc pris celui en direction du nord. Sauf qu’au bout d’une centaine de mètres, il était impossible de continuer : le sentier était bloqué par les ronces et des arbustes. J’ai du faire demi tour et prendre celui en direction du sud. Heureusement, il contournait un flanc de montagne et allait ensuite dans la sens nord ouest. Finalement, j’ai atteint une étendu dégagée d’où on pouvait voir une partie de la vallée.  En continuant vers le nord, le vue était encore plus étendue. Cela m’a permis d’apercevoir des bâtiments au loin, à l’ouest. Bâtiments que j’ai supposé être le village de Bada. D’après Maps,me, il n’y avait pas d’autres villages ou hameau dans le coin. Du coup, j’ai du refaire demi tour pour dénicher un chemin allant vers l’ouest, que j’ai trouvé assez facilement.

Le reste a été sans problème, la descente n’a présenté aucune difficulté particulière. Je traversais une forêt puis des broussailles mais le chemin était bien délimité. J’ai fini par atteindre le parking pour la terrasse payante de Bada. Il y avait 3 ou 4 bus. J’étais assez content, j’avais réussi à rejoindre Bada avant le coucher du soleil. Il était environ 17 h 30 et le soleil se couchait vers 18 h 30. J’avais tout de même un gros doute sur la randonnée que j’avais faite. Elle était censée traverser les rizières et j’étais passé par des forêts, des broussailles, des ronces et même des sortes de petites prairies sans en voir une seule. Ce n’était pas grave en soi, j’avais vu un autre aspect de la région qui n’était soulevé dans aucun guide ou blog. On parle beaucoup des rizières en plateau de la région mais on oublie facilement qu’il n’y a pas que ça et que c’est aussi une région montagneuse…

Je me suis baladé dans Bada qui était tout en pente avec pas mal d’escaliers. Après une pause dîner (j’avais acheté de quoi manger à Shengcun dans les échoppes), j’ai rejoint un spot que j’avais repéré durant ma promenade. D’autres Chinois y étaient avec leur appareil et leur pied. La vue n’était pas mal mais pour le coucher de soleil, c’était mort. L’orientation de la vallée était sud -> nord avec les montagnes à l’est et à l’ouest. Donc lorsque le soleil est descendu, il était caché par les pics des montagnes à l’ouest. Donc pour les rayons du soleil couchant sur les rizières, c’était râpé… La nuit commençant à venir, je suis reparti. Par la route cette fois. Je n’ai cherché à prendre la véritable randonnée dans les rizières pour le retour. Sans compter le risque de me perdre (ce qui n’était pas trop grave, il ne faisait pas – 30 °C la nuit), crapahuter dans le noir avec ma lampe frontale au milieu des plateaux d’eau croupie ne me tentait pas trop. Évidemment, j’étais à peine reparti qu’il s’était remis à pleuvoir. J’avais mon casque. Une de ses particularités était qu’il était entièrement tactile. Tu vois venir le problème ? Avec le poids de l’eau accumulée, la capuche s’affaissait sur la tête et frottait dessus. A chaque pas, je changeais de pistes, le son était augmenté ou diminué ou il s’éteignait. Très agréable. J’ai fini ma marche sans musique.

 

Après plus de 2  h 30, je suis rentré à l’auberge  à la lampe frontale, trempé et légèrement sur les rotules. Le couple était en train de manger un repas préparé par le gérant avec le retraité Français et les deux autres Chinois. Ils m’ont proposé de manger avec eux mais comme je m’étais déjà restauré à Bada, je n’avais plus faim. Le Français (le jeune) m’a ensuite proposé une bière mais j’avais compris qu’il me proposait de les accompagner avec une bière. J’avais accepté, on avait donc commandé une chacun de notre côté et je m’en suis retrouvé avec deux. Je lui ai rendu celle qu’il voulait m’offrir et on s’est bu chacun la nôtre. C’était néanmoins très sympa de sa part. De leur côté, ils étaient effectivement passé par les rizières. Ils m’ont également dit que le chemin ne montait pas au départ mais descendait à la sortie nord de Shengcun. En vérifiant la carte de l’auberge, on a pu comprendre mon erreur. Le plan était erroné ! L’orientation de l’itinéraire était inversée mais pas le reste de la carte. Il fallait aller d’abord au nord ouest puis sud ouest. Du moins, c’est ce que j’ai cru pendant longtemps. En relisant mes notes pour le blog et en revérifiant sur les cartes en vue satellite, j’ai vu qu’il y avait un autre village au nord est de Shengcun : Gaocheng Bada. Le trajet Shengcun – Gaocheng Bada passait effectivement par les rizières et le départ au nord descendait. Il y avait une grande possibilité que le couple de Français aient confondu Bada et Gaocheng Bada. Donc il était assez probable que je ne me sois pas trompé de randonnée. J’avais juste galéré parce que je m’étais perdu avec les chemins qui disparaissaient. Près du sommet, le sentier continuait encore vers le sud mais j’étais parti trop sur l’ouest pour le trouver. De plus, j’avais confondu avec une autre randonnée qui arrivait aussi à Bada et qui passait dans les rizières. Mais elle partait de Quanfuzhuang, au sud ouest de Bada, non de Shengcun.

Je n’avais rien compris à la carte…

Retour à Kunming.

Je suis reparti la matin du 3ème jours avec les autres Français. Nous avons pris un mini van vers 7 h 30. En plus du chauffeur, il y avait une femme. D’après ma discussion avec elle, c’était visiblement la propriétaire de l’auberge. Nous sommes arrivés à Xinje 3/4 d’heure plus tard, pour 15 Y chacun. Alors, avait on eu ce tarif parce que la propriétaire était avec nous ? Je ne sais pas. On a tous pris un billet pour le même bus pur Kunming. Curieusement, le tarif était différent : 137 Y contre 140 Y pour l’aller.  Le retraité est descendu à Yuanyang et nous avons eu plus d’une demi heure d’arrêt. Le chauffeur a ensuite voulu rattraper le retard et il a foncé (tout est relatif, c’était un bus, pas une formule 1) sur les routes. Apparemment, il ne comptait pas faire d’arrêt midi non plus. A la demande d’une jeune Chinoise et de sa mère, il a fini par stopper à un relais vers 14 h. Il n’y avait pas grand chose dans le magasin mais il y avait une échoppe à côté qui vendait une soupe de légumes avec des morceaux de viande. Le goût était spécial mais ça remplissait. Nous sommes arrivés à Kunming vers 16 h 30. Avec le couple de Français, nous avons ensuite pris le métro et nous nous sommes séparés à Kunming station. Ils avaient prévus de passer quelques jours sur place, j’avais un train à prendre pour Guilin.

Petit aparté au niveau des bus longues distances :

Les nouilles instantanées dans des bols en cartons étaient la nourriture de base pour les voyages. Il y avait donc systématiquement minimum une poubelle au début des bus prévue à cet effet.

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