Andong

Je n’avais pas trouvé grand chose comme informations à propos d’Andong lors de mes préparatifs. Globalement, la Corée du Sud n’était pas une destination aussi prisée que le Japon, la Chine ou la Thaïlande donc à part dans des guides (que je ne lisais pas), il y avait peu d’échos sur la Corée, exceptée bien sûr pour des grosses villes comme Séoul ou Busan. Andong était une petite ville plus ou moins coincée entre des montagnes. Elle est traversée par le fleuve Nakdong ainsi que par la rivière Banbyeoncheon qui le rejoint au nord est du centre ville. Elle est très spécialisée dans le folklore local avec une université sur ce thème, la région environnante ayant encore quelques traditions anciennes encore actives. Elle organise chaque année un festival folklorique. J’avais décidé d’y faire une étape principalement pour le village Hahoe, à proximité.

Je suis parti de Séoul de la gare Cheongnyangni. Accessoirement, j’y avais vu passer un convoi de chars d’assaut en attendant mon train. En 2ème classe, j’en avais eu pour 15 400 W (11,80 €). Alors, les Coréens n’avaient pas la même notion de confort dans les transports. En 2nde classe, il y avait des sièges extra larges, limites des fauteuils avec des reposes pieds et jambes inclinables et des tablettes disponibles dans les accoudoirs. J’avais failli prendre le mauvais train. J’étais un peu en avance (pas beaucoup) et un train était arrivé sur mon quai. La direction affichée sur les wagons à l’extérieur était la bonne donc je suis monté. En vérifiant avec un contrôleur, ce n’était pas le bon. En fait, ils étaient en train de changer les affiches de destination et le train partait vers le nord…

Sièges en seconde classe

 

Après un trajet d’environs 4 h, je suis arrivé à Andong en fin d’après midi. Je m’étais posé un peu à la sortie de la gare pour fumer lorsque j’ai été “abordé” par une Ajumma. Elle me parlait à toute vitesse, je ne comprenais rien. Dans le doute, je lui ai tendu une cigarette mais visiblement, ce n’était pas ça… Au bout de quelques minutes, elle a laissé tomber. L’auberge était un peu plus à l’ouest. Je me suis baladé un peu dans la ville avant d’y aller. C’était une petite ville agréable, avec des petites rues piétonnes. J’étais tombé également sur une démonstration de K pop sur une place : il y avait trois nanas, un DJ qui passait de la musique et un cameraman (pas du gros matériel non plus), mais les filles ne chantaient pas. J’en avais parlé plus tard avec un Coréen quelques jours plus tard. Il m’a expliqué que s’il y avait que des disques sans le chant en direct, c’était de la mauvaise K pop.

J’ai un peu galéré pour trouver l’auberge (Andung Peter Pan guesthouse). Le GPS avait eu un petit problème de localisation de l’adresse. Je m’étais retrouvé dans un marché couvert, intéressant certes, mais moyennement pratique pour y dormir. L’auberge était juste à côté, un peu en retrait de la rue. L’entrée était situé en étage, dans une cour intérieure. D’ailleurs, c’était plus un airbnb qu’une auberge. Une pièce unique avec un coin salon et coin cuisine, une salle de douche/WC commune et deux chambres, une pour le propriétaire et l’autre en dortoir de 6 lits superposé. Il y avait également pas mal de documentations en anglais à propos de la région. Le petit déjeuner était compris : des toasts avec de la confiture de fraise en petites barquettes individuelles. Le 1er soir, il n’y avait qu’une seule autre personne en plus de moi. Une Française, que je nommerai euh… Charlotte. Elle venait de passer 5 mois en Asie du sud est et faisait quelques semaines en Corée avant de rentrer en France. Le lendemain soir, il y avait trois autres personnes en plus : un Belge et une Espagnole qui voyageaient ensemble et un Chilien. Le Chilien n’avait pas décroché un mot. Il avait passé la soirée sur son ordinateur portable. En revanche, on avait pu discuter avec le Belge et l’Espagnole.

 

Le village Hahoe

Hahoe est un petit village traditionnel, à 20 – 25 km à l’ouest d’Andong, au bord du fleuve Nakdong, inscrit au patrimoine par l’UNESCO en 2010. Les maisons n’avaient quasiment pas changées depuis sa création à la période Joseon. C’était un gros spot touristique (et une fierté locale) et l’accès était payant. Cependant, ce n’était pas pour autant un village musée. Il était réellement habité et il y avait peut être deux ou trois auberges et une ou deux boutiques. J’avais pris un bus local pour y accéder, le n° 246. L’aller simple coûtait 1 200 W (0,92 €), pas de problème avec la carte Rail+. J’avais raté un 1er bus qui m’était littéralement passé sous les yeux alors que j’étais à une vingtaine de mètres de l’arrêt. Du coup, j’ai pris le suivant, une heure plus tard. Les horaires étaient clairement indiqués à l’arrêt.  Ce n’était pas évident de trouver la ligne sur les panneaux, il y en avait beaucoup ! Le long du trottoir, il y avait pas d’échoppes qui vendaient surtout des légumes et des fleurs. Bon, je ne suis pas resté à l’arrêt, j’étais retourné à l’auberge qui était à 5 minutes et j’avais pu bavarder un peu avec Charlotte qui s’était levé entretemps. Enfin dans le bon bus, je m’étais endormi vers la fin du trajet et j’ai été réveillé par le chauffeur au terminus, en plein centre d’Hahoe. En principe, j’aurai du payer une entrée pour arriver. A environs 15 mn de marche du village, il y avait un poste d’accueil avec des restaurants et un musée des masques. Les bus touristiques y stoppaient obligatoirement pour que les touristes paient l’entrée. Vu que j’avais pris un bus local (et que je dormais), il était allé directement dans le village avec une partie des habitants. Du coup, j’étais retourné à l’entrée du village où il y avait un guichet mais l’homme à l’intérieur m’a informé que les tickets ne s’achetaient qu’au point d’accueil. J’avais perdu suffisamment de temps, j’ai visité le village d’abord. Il était assez petit et une large allée en faisait en partie le tour. Bordée de cerisiers, j’avais eu la chance d’y être lorsqu’ils étaient en fleurs (avril). Il n’y avait peu de monde et je n’avais pas eu trop de difficultés pour prendre mes photos. Vu que je n’aime pas trop avoir du monde dans mes clichés, il m’arrivait d’attendre de longues minutes pour en prendre sans avoir mon 1er plan pourri. Mais là, ça avait été. J’avais parcouru la périphérie du village dans un 1er temps avec des chemins qui longeaient les champs, avant de m’enfoncer dans les ruelles étroites bordées de murets. En à peine 2 h, j’avais fait le tour. Il n’était vraiment pas grand.

 

Je suis retourné ensuite au poste d’accueil pour y acheter mon ticket. En fait, j’aurais pu tricher : il n’y avait absolument aucun contrôle. Même quand j’étais arrivé à l’accueil, il n’y avait eu personne dehors pour me contrôler. ça changeait de la Chine. Le ticket était à 5 000 W et donnait accès au village, au spectacle de théâtre hebdomadaire et au musée des masques. Encore une fois, j’aurai pu m’en passer si j’avais voulu frauder : il n’y avait aucun contrôle non plus à l’entrée du musée ou du théâtre… Des navettes gratuites proposaient des aller/retour point d’accueil/village. Mais pour 1/4 d’heure de marche, je n’allais pas faire ma feignasse. D’ailleurs, le chemin pédestre qui longeait plus ou moins la route en passant à travers les arbres n’était pas désagréable. Il y avait une stèle à environ mi distance qui expliquait une anecdote historique. Cela se passait à l’époque Joseon avec le roi Seonjo. Le commandant chinois de l’époque, Lee Yeo-Song, était un maître de go, le jeu de stratégie. Il proposa une partie à Seonjo. Le roi, bien que vraisemblablement nul au go, ne pouvait refuser sans créer d’incidents diplomatiques avec la Chine (cf l’historique). Son premier ministre, Ryu Seong-Ryong, eut alors l’idée de faire un petit trou sur le parasol au dessus du plateau de jeu. Avec les rais de lumière, il guida le roi. Sauf qu’il ne pouvait le faire gagner sans créer d’incident diplomatique et il ne pouvait pas le faire perdre non plus. Donc il a fait en sorte de faire une partie nulle. Pourquoi cette anecdote ? Ryo Seong-Ryong était né à Hahoe.

la partie de go de Ryo Seong-Ryong

 

Certains jours de la semaine, un spectacle était présenté à 14 h dans un théâtre en plein air : le Byeolsingut Tallori. Il était joué depuis plus de 800 ans et est inscrit comme patrimoine culturel intangible en Corée. Il s’agissait d’une pièce plus ou moins dansante et/ou chantée en 12 scènes par des personnages masqués. Chaque masque représentant un personnage représentatif d’une classe sociale. Le théâtre était relativement petit avec des gradins en pierre entourant une petite esplanade en terre. Ils fournissaient des coussins à l’entrée et on se mettait où on voulait. Il y avait un écran géant en arrière qui affichait les sous titres en anglais. J’ai été rejoint par Charlotte qui était venue au village un peu plus tard. Alors, je ne vais détailler les scènes (je te laisse plus ou moins la surprise si tu y vas un jour). De plus, comme avec les films, il y avait une version courte et une version longue. On avait assisté à la version courte qui comprenait deux scènes en moins. Je me suis renseigné entre temps et ces scènes étaient relativement “hard” et interdites aux enfants (sexe et meurtre). Le spectacle durait une grosse demi heure et Charlotte n’a pas tenu le coup. Elle était repartie au bout de la moitié environ. A sa décharge, entre l’abattage d’un taureau avec le boucher qui voulait te vendre ses couilles (du taureau, hein) et un moine qui reniflait la flaque d’urine d’une femme et se retrouvait envahit d’envie charnelle, c’était assez particulier. Au début, j’étais un peu en mode “WTF ?”. Mais je m’étais ensuite rappelé que c’était un spectacle satirique donc ça passait beaucoup mieux en sachant ça. Il manquait un peu d’explications sur le pourquoi des scènes, avec une brochure par exemple. La 2ème scène se composait de deux personnages entièrement recouverts de tissus beige qui dansaient tout autour de l’espace avec une musique stridente et des tambours. Ok, mais que racontait elle ? On n’en savait rien, il n’y avait aucune parole donc il n’y avait aucun sous titres à l’écran. J’ai appris beaucoup plus tard qu’en fait, ces personnages étaient des lions ailés qui purifiaient le lieu pour éloigner les mauvais esprits et les animaux démoniaques. La 3ème scène était une danse du taureau qui passait tout autour de l’esplanade en “pissant” sur le public. Bon, dit comme ça, clairement on est en mode “Qu’est ce que quoi ?”. Même maintenant, je ne sais toujours pas ce que ça signifiait. Dans l’ensemble, c’était assez intéressant mais clairement pas destiné pour tout le monde.

 

J’ai dit un peu plus haut qu’il y avait également un musée des masques à côté de l’accueil principal. Son entrée était compris dans le ticket d’accès au village. Relativement petit, je pensais au départ que c’était un musée consacré aux masques coréen. La région d’Andong était caractérisée par les masques Hahoe, au nombre de 12 humains et 2 d’animaux mais d’autres masques étaient développés dans d’autres régions. Cependant, ce musée présentait les masques traditionnels du monde entier. Il se visitait assez rapidement avec seulement 5 salles dont une seule pour la Corée, en moins d’une demi heure, j’avais fait le tour. Il faut que précise un petit point : j’ai une légère phobie des masques. De manière générale, ça me met assez mal à l’aise, particulièrement les masques vénitiens. Donc ça ne me poussait pas trop à traîner dans le musée… J’ai rejoint ensuite Charlotte à l’arrêt du bus. Elle avait visité le musée pendant que le spectacle finissait et elle avait prévue d’aller au temple Bongjeongsa, à une quinzaine de kilomètres au nord d’Andong. Malheureusement, elle n’avait pas eu de bus. Du coup, on a passé le reste de l’après midi à se balader ensemble dans Andong, après avoir pu chopper le bus pour le retour, vers 16 h.

 

Andong.

Vu qu’on avait pas mangé le midi à Hahoe (les restaurants au point d’accueil étaient relativement cher), Charlotte m’avait emmené dans un petit restaurant qu’une locale lui avait indiqué la veille au soir. De mon côté, je n’avais rien trouvé en arrivant dans le quartier donc j’étais allé chercher quelque chose à un supermarché pas très loin de l’auberge. C’était un petit bouiboui caché dans une petite rue, tenu par une vieille qui ne parlait pas du tout anglais. Heureusement, Charlotte avait des notions de coréen bien plus avancé que moi. Les plats étaient simples mais très bon. On est ensuite allé à la gare, Charlotte voulant recharger sa carte de transport. Ce ne fut pas simple du tout. On était tombé sur un homme qui ne parlait pas du tout anglais et Google trad avait des soucis de traductions. La veille, j’avais acheté un billet pour ma prochaine destination et j’étais tombé sur une femme qui parlait très bien anglais. Là, on n’a pas eu de chance. En gros, il pensait qu’elle voulait rendre sa carte de transport et il nous expliquait que ce n’était pas possible. Finalement, on s’est retrouvé avec 3 hommes (dont un superviseur) à galérer pour se faire comprendre. La femme de la veille est enfin venue également et la situation a pu se débloquer.

Charlotte et moi n’avions pas beaucoup trouvé d’informations sur Andong avant d’y venir, du coup on avait décidé de remonter les berges du fleuve Nakdong vers l’est et voir au fur et à mesure. Nous avons trouvé en chemin deux pagodes dont une en brique mais inaccessible et un temple où il n’y avait personne. On avait un peu visité l’intérieur, les accès aux étages se faisaient par des escaliers dont les murs étaient entièrement recouverts de fresques et nous avons pu pénétrer dans une salle de prière avec des centaines de Bouddha miniatures. Un peu plus à l’est, nous avons rejoint le pont de la lune qui était un pont entièrement piéton avec un pavillon en son centre. En traversant, nous avons atteint la rive opposé où des allées piétonnes étaient aménagées. Le soir tombait et les éclairages colorés rendaient la berge sympa. Sauf qu’en descendant vers l’ouest, on avait réussi à se perdre et on se dirigeait un peu trop loin vers le sud. Nous avons donc dû retraverser le fleuve en passant au dessus d’une espèce de barrage dont l’accès était clairement interdit. Mais bon, de nuit, quasiment pas éclairé et aucun garde, on est passé relativement tranquillement. On a passé le reste de la soirée à l’auberge, avec des pizzas. Charlotte avait une envie de pizza… et il y avait un Domino’s sur le trajet (8 700 W pour 2 pizzas et deux bouteilles de soju, à peine 5 €). Petit détail, il y avait encore un peu de neige par endroit.

 

Je suis reparti le lendemain pour prendre mon train vers 9 h 30. Charlotte repartait aussi, mais un peu plus tard, par le bus en direction de Séoul.

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