Dali

Dali est une ville relativement importante du Yunnan, sur la rive sud du lac Erhai. La vieille ville de Dali est située à une dizaine de kilomètre au nord, sur la rive ouest du lac. Elle a été la capitale du royaume de Nanzhao au VIIIème et IXème siècle puis du royaume de Dali jusqu’au XIIIème siècle. La région a été rattachée à la Chine avec les invasions mongoles. Elle est en majorité habitée par les ethnies Bai et Yi. Elle est dominée à l’ouest par le massif Cangshan qui comprend 19  sommets entre 3 500 m et 4 122 m d’altitude, dans la chaîne Yunling. L’une des spécialités de Dali est le marbre, prélevé dans les montagnes.

Je suis parti de Lijiang en début d’après midi en bus pour un trajet d’environ 3 h et 79 Y (<10 €). J’avais loupé l’arrêt  à la vieille ville sans me rendre compte et j’ai du demander au chauffeur de s’arrêter plusieurs kilomètres plus loin. Je suivais ma position par GPS et je voyais qu’on s’éloignait du vieux Dali… A ma décharge, l’arrêt pour la vieille ville ne ressemblait pas à un arrêt classique. Je m’attendais à un genre de gare routière ou à défaut à un arrêt de bus mais il s’était arrêté à l’arrache au bord de la route principale, une 2 x doubles voies séparées (la S221 pour info) donc je n’avais pas réagit. J’ai mis 2 h de marche à rejoindre l’auberge située au nord du centre ville, à l’intérieur des remparts. Heureusement pour moi, le vieux Dali (que je vais appeler simplement Dali à partir de maintenant) n’était pas très grand et grâce au GPS qui avait daigné fonctionner correctement, je ne m’étais pas perdu.

 

Je suis arrivé à l’auberge vers 18 h, dans une chambre de 6 lits avec des grands casiers en bois. Il y avait également un restaurant au rez de chaussée, une salle commune  avec un coin pour se restaurer et un billard ainsi qu’une cour intérieure. C’était d’ailleurs une caractéristique des maisons locales : des bâtiments à étages entourant une cour carrée. La salle de bain ainsi que les toilettes étaient communes aux étages. La première chose que j’avais faite en arrivant a été de prendre une douche et de faire une lessive. Quand je suis revenu à la chambre, un chinois est venu me parler et nous avons passé quasiment 2 h à discuter via Google trad (j’utilisais la fonction vocale) pendant que le linge trempé était toujours entassé sur mon lit… La chambre était occupée par 2 autres Chinois, un Grec et un Américain qui venait de New York. Je n’avais pas fait grand chose le 1er soir, j’ai juste profité du restaurant, avec, entre autres, une bière bien fraîche qui a fait du bien. La température avait bien grimpé par rapport aux 15 – 20 °C que j’avais eu avant. Le 2ème soir, j’avais rencontré une Chinoise dans la salle commune qui avait voyagé plusieurs fois en France soit en bus, soit en autostop. Elle avait visité pas mal de villes : Paris, Lyon, Orange, Avignon, Marseille, Nice… J’ai passé le 3ème soir au billard, soit en solo, soit avec le Chinois de la chambre. Curieusement, un autre Chinois nous observait en rigolant de son fauteuil, je ne sais pas trop pourquoi. Peut être parce qu’on était trop nul ?

Randonnée dans les monts Cangshan.

A l’origine, je voulais atteindre la montagne Cangshan. J’avais vu qu’il y avait des randonnées assez sympathiques à faire près des sommets, surtout au printemps avec les fleurs. J’ai donc rejoint le point de départ, au sud ouest de Dali, au début du flanc des montagnes (ça grimpait un peu, quoi). Je n’étais pas vraiment chaud, mais l’accès se faisait obligatoirement par téléphérique, en deux étapes. (Mal)heureusement pour moi, il y avait trop de vents ce jour là et la 2ème étape était fermée car trop dangereuse. Pour que les Chinois estiment que c’était dangereux, ça voulait dire que ça craignait un max. Ils avaient une notion de la sécurité assez particulière : une planche par dessus un vide, c’était un passage sécurisé. M’arrêter à mi parcours ne m’intéressant pas, j’ai fais demi tour en me baladant un peu dans le coin et j’ai opté pour une petite randonnée dont le départ n’était pas très loin de là.

L’entrée était payante à 35 Y. Il y avait un vieux garde ainsi qu’une petite baraque avec ses collègues et une femme qui parlait un peu l’anglais. J’ai du leur expliquer mon itinéraire. La femme m’a informé qu’il n’était pas possible de redescendre autrement que par le télésiège, à côté d’un temple. J’étais légèrement sceptique vu ce que je voyais sur Maps.me (Google map avait très peu d’utilités pour les randos). Il y avait aussi un registre où il a fallu que je m’inscrive. Ils demandaient les informations classiques : nationalité, n° de passeport, nom et … si on possédait un briquet. Comme une andouille, j’ai écrit “yes”. Le garde me l’a confisqué et jeté directement dans un seau d’eau, sans explication. Je suppose qu’il était interdit de fumer dans la montagne et qu’ils ne prenaient aucun risque. J’ai pété un câble et je l’ai engueulé comme du poisson pourri. Les autres gardes sont sortis vu le bordel. Je ne m’opposais pas à l’interdiction de fumer mais j’étais en rogne qu’il foute en l’air mon briquet comme ça (d’autant plus que je l’avais acheté 4 jours avant). Comme je leur expliquais (en gueulant), ils auraient très bien pu mettre le briquet de côté de manière à me le rendre après ma randonnée. Ça n’a pas dégénéré avec appel des flics car ils ont bien vu que je ne représentais pas de danger particulier et je n’avais pas d’attitude menaçante. Au contraire, ils rigolaient que je pète un câble. Ne lâchant pas l’affaire (c’était une question de principe), je les ai prévenus que je reviendrais après mon tour et que je récupérerai mon briquet. 3 heure plus tard,  après ma ballade, je suis retourné au poste de garde et j’ai directement fouillé dans le seau d’eau. Les gardes sont à nouveau sortis et ont à nouveau rigolé en mode “Mais il était sérieux en plus, ce con !”. Le vieux garde m’a finalement donné son briquet. Le seau était en était remplis et j’aurais passé des heures à essayer de le retrouver. J’en ai profité pour dire à la femme qu’il y avait bien un chemin qui descendait du temple.

A part cet épisode qui m’avait mis en rogne, la ballade avait été très agréable. La montée bien matérialisée avec un chemin de pierre avait permis d’atteindre une hauteur respectable dans la forêt. Un parcours longeait ensuite le flanc de la montagne et à travers les trouées dans les arbres, on avait une vue d’ensemble de Dali avec le lac Erhai en fond. Il y avait bien un ou deux passages où j’ai du serrer les fesses mais rien au niveau de la gorge du saut du tigre. Le temple était très petit, limite à l’abandon et un télésiège était effectivement relié. En allant plus loin, j’ai trouvé un sentier qui descendait en zigzagant avec le télé siège. Il était très tortueux et traversait même un cimetière à mi chemin pour terminer dans le haut de Dali. Il était très compliqué à repérer en sens inverse en revanche : il fallait traverser un mini terrain vague pour l’atteindre à la lisière de la forêt. Il était impossible à voir depuis la rue.

 

Temple des Trois Pagodes.

Le temple des Trois Pagodes est un vaste ensemble de temples bouddhistes dont l’entrée est dominée par trois pagodes. La plus ancienne est également la plus grande, construite au IXème siècle avec une hauteur de près de 70 mètres et contenant 16 étages. Les deux autres ont été érigées au Xème siècle et font environ 40 mètres pour 10 étages. L’ensemble des temples s’étend sur une grande zone jusqu’au pied des montagnes. On pouvait y accéder depuis la vieille ville par le sud via une grande avenue avec une large allée centrale. Des vestiges ont été retrouvés lors de travaux de rénovations en 1978 et étaient exposés dans des pavillons convertis en musée. Cependant, l’anglais n’étant pas leur point fort, les informations étaient très succincts. Par exemple, des statuettes de phénix étaient traduites en “oiseau” . Un autre pavillon abritaient des statues de moines en tailles réelles avec un degré de réalisme assez impressionnant. Je n’ai pas réussi à savoir si elles étaient en or, plaquées or ou juste peinte couleur or. L’accès à tout l’ensemble était évidemment payant à 75 Y. Petit détail : le ticket était une carte postale qu’on pouvait poster ensuite.

 

La vieille ville.

Le vieux Dali était délimité par des remparts formant un carré (la Terre, tu te souviens ?) avec une porte à chaque point cardinal. Elle était quadrillée par de nombreuses rues piétonnes très touristiques  et très fréquentées, avec les classiques boutiques. Cependant, en s’éloignant des principales artères, il était encore possible de se promener dans des rues beaucoup moins fréquentée et un peu plus “authentique”. Par exemple, j’y avais mangé un soir dans un petit restaurant qui ne vendait qu’un seul type de plat : un genre de soupe de vermicelles avec des légumes, un peu de viande, de la couenne et un oeuf de caille. Pour 9 Y ( ≈ 1,10 €). Il n’y avait que deux choix : épicé ou très épicé. Il y avait également dans la rue principale un temple de Confucius dont l’entrée était curieusement libre. Je n’ai pas visité grand chose, j’ai principalement déambulé dans les rues. La vieille ville bénéficiait d’un programme de préservation et une loi interdit d’y construire des bâtiments modernes, d’où la localisation de la ville récente à une dizaine de kilomètres au sud.

 

Le lac Erhai.

Il fait partie des 7 plus grands lacs de Chine avec une superficie de 250 km² et est situé à environ 7 km à l’est du vieux Dali. Ses rives sont occupées par de nombreux villages, surtout à l’ouest et au nord. La côte ouest étant la plus proche, je m’étais donc décidé à marcher de ce côté plutôt qu’au nord. L’espace plane entre le lac et les montagnes était utilisé pour les cultures et mon trajet jusqu’au lac traversait les champs. Il y avait également un mini marché à l’entrée du village Caicuncun. De là, j’étais descendu vers le sud, le long de la berge, jusqu’au village Xialongkan. Dans l’ensemble, ils se ressemblaient beaucoup : une rue principale relativement large et de nombreuses petites ruelles tortueuses où les voitures pouvaient à peine passer. Je marchais entre les façades majoritairement blanches avec parfois des fresques. Cependant, il y avait de nombreux travaux d’aménagements et je voyais beaucoup de maisons détruites côté lac pour y être remplacé par des lotissements plus modernes ou des hôtels. Ce qui risquait à terme de dénaturer le côté petit village authentique et les rives du lac… A part certains points vraiment touristiques avec des parking remplis de bus, la ballade fut assez agréable. Je pouvais me retrouver seul pendant de longues minutes à marcher le long de l’eau.

 

Je suis parti de Dali le 3ème jour. Le Grec partant à Lijiang par le train également, nous avions décidés de rejoindre la gare ensemble. Après avoir mangé des baozis (des espèces de brioches salées farcies à la viande ou aux légumes) vendus dans la rue (il y avait des échoppes  un peu partout et très bon marché) en guise de petit déjeuner, nous avons pris le bus n° 8 qui nous a déposés à la gare de la Dali moderne. D’habitude, je ne déjeunais pas le matin (juste un thé de temps en temps), mais j’avais fait une exception en accompagnant le Grec. Une fois dans la gare, on ne pouvait rester à traîner sur place, on était obligé de rejoindre nos voies respectives. Je partais pour Kunming, on n’avait pas les mêmes salles d’attentes et on a dû se séparer juste après avoir passé les contrôles, les gardes n’étaient pas très patients…

 

 

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