Shilin

Durant mon étape à Kunming, j’ai passé une journée à Shilin et sa forêt pétrifiée. Il y a 270 millions d’années, une grande partie de la Chine sud était sous les eaux. Le jeu des plaques tectoniques a provoqué le retrait de la mer laissant le fond et ses rochers exposés. Le tout a été recouvert de basaltes à la suite d’éruptions volcaniques. L’érosion a ensuite usé la terre et les roches volcaniques laissant un ensembles de pics karstiques dans toute la région. Le site de Shilin  est l’un des plus connus et s’étend sur 2 600 (ou 26 000, selon les sources) hectares et seuls 80 hectares étaient accessibles au public. Il est situé à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kunming, à vol d’oiseau.

Il existait plusieurs moyens d’y aller depuis Kunming, le plus simple pour moi a été de prendre le bus. La gare routière était à côté de la station de métro East cost station. J’avais réussi tant bien que mal à trouver les horaires de bus approximatives et les premiers partaient aux alentours de 8 h. J’avais prévu un peu de marge (avec applications qui n’étaient pas à jour, je risquais très fortement de me perdre) et je suis parti de l’auberge vers 6 h 30. Après 10 mn de marche pour rejoindre la bonne station de métro, j’ai rejoint East cost en une demi heure. La gare routière était juste à côté, je n’avais eu aucun problème à la rejoindre (ouf). Assez bien agencée, je n’ai pas galéré à trouver les guichets non plus et ils parlaient anglais ! J’ai pu prendre un ticket pour le 1er bus en partance de Shilin, à 34 Y aller. Par contre,  Il n’y avait ni n° de bus, ni horaire ni transcription sur le billet. Heureusement, après avoir passé les contrôles classiques, un panneau indiquait la direction du bus. Shilin étant une attraction très touristique, ils avaient eu la bonne idée de plus ou moins flécher le parcours jusqu’au bus. Sur le parking, les bus avaient une affiche sur leur pare brise indiquant leur arrivée en chinois mais également transcrit. Donc il y a eu aucun soucis pour trouver le bon bus. Etant relativement tôt, il y avait peu de monde et majoritairement des vieux. Une vieille était d’ailleurs derrière moi, elle n’a pas arrêté de tousser, de cracher et de renifler de tout le trajet. ça tapait un peu sur le système. Avec un départ vers 8 h 20, je suis arrivé sur site vers 9 h 45 avec un arrêt 10 minutes avant où une jeune femme en habit sani, l’ethnie locale, était montée pour un petit discours que je n’avais absolument rien compris (forcément…). La vente des tickets  se faisait dans un bâtiment assez imposant situé à 3 km du site et à une dizaine de minutes de marche du parking. L’entrée coûtait 130 Y  et des navettes électriques étaient disponibles moyennant 25 Y supplémentaires. Tout le site semblait être géré par les Sani. Les nombreux groupes étaient systématiquement guidés par une femme en habit traditionnel. Je n’ai évidemment pas pris de navette et après une petite demi heure de marche, j’avais atteint la véritable entrée.

Navettes pour l’entrée

C’était le bordel. Et encore, il était relativement tôt et c’était encore la basse saison. En haute saison, ce devait être insupportable ! Le site était divisé en 5 zones. Des allées plus ou moins bitumées, suffisamment larges pour le passage de navettes gratuites, faisaient le tour de la zone principale (la plus grande, la forêt de pierre majeur) avec des arrêts aux points d’intérêts principaux. C’était très tourisme de masse. Les groupes prenaient une navette avec leur guide, qui les déposait. Ils restaient quelques minutes  à prendre leur selfie et reprenaient une nouvelle navette qui les déposaient au point suivant etc… De plus, les rochers à ces endroits étaient les plus “photogéniques ” et leurs abords étaient entièrement aménagés avec de la pelouse ou des étangs artificiels où on ne pouvait les voir pratiquement que d’un seul point. Pour moi, on perdait de l’authenticité, encore une fois. Les guides avaient toutes des micros casques reliés à un petit ampli et rajoutaient encore plus de bordel.

Dès que j’ai pu, j’ai pris des chemins de traverses qui s’enfonçaient dans et s’éloignaient des allées principales. Le site étant énorme, en quelques  minutes je m’étais retrouvé dans le silence parmi des chemins parfois tortueux qui passaient entre et/ou dans les rochers, les broussailles et des bois. Il y avait des passages où il ne fallait pas être épais ou grand d’ailleurs… Un village Sani vivait sur le site et des champs étaient implantés au sud. J’avais pu me balader au milieu des cultures et de quelques habitations. J’avais même croisé des chèvres ainsi qu’une famille Sani qui revenait des champs dont leur chien, un peu curieux, m’avait accompagné pendant une bonne dizaine de minutes. J’avais eu de la chance, il avait fait relativement beau et j’avais eu de la pluie qu’en début d’après midi. Certains endroits étaient réellement impressionnants avec des rochers qui pouvaient atteindre 30 mètres de hauteurs, des passages très étroits qui passaient dans des sortes de failles ou tout simplement la vue de ces rochers au milieu de nulle part. La zone sud ouest était appelée l’aire des champignons, les rochers ayant la même structure tige/chapeau. Étant assez éloigné des arrêts des navettes, cette zone était pratiquement déserte. Après plusieurs heures quasiment seul, quand j’étais revenu vers les points plus touristiques, le bordel ambiant m’avait encore plus dérangé. Au final, j’avais passé presque 6 h à crapahuter parmi les rochers et les champs. Le tarif était relativement cher mais ce fut une grosse demi journée qui en avait valu le coup.

 

Je suis revenu avec un bus qui partait à 16 h 20. Le retour sur Kunming fut plus lent que l’aller, plus de 2 h. On était en plein heure de pointe à l’entrée de la ville et il y avait pas mal d’embouteillages.