Route 66

La route 66 est une ancienne route qui reliait Chicago et Santa Monica entre 1926 et 1985. Elle traversait 8 Etats (Illinois, Missouris, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau Mexique, Arizona et Californie). Son tracé a beaucoup varié ainsi que sa longueur au cours des années (de 3 à  4 000 km suivant les versions). Le plus gros changement a été en 1937 où la route a cessé de passer par Santa Fe au Nouveau Mexique. Elle a été déclassée en 1985, remplacée progressivement par l’interstate 40 (I40), beaucoup plus rapide et directe. Depuis les années 90s, des associations se sont montées pour la préserver et y développer le tourisme. Le film d’animation “Cars” de PIxar a beaucoup contribué à sa renaissance. L’ancien tracé est maintenant matérialisé par des panneaux “historic Route 66”. Le terme “road” indique les routes hors agglomération et le terme “route” désigne un itinéraire d’un point à un autre. Construite dans la volonté de rejoindre Chicago à Santa Monica, le terme “Route” a été retenu pour la nommer. Les routes traversant au moins un Etat aux Etats Unis sont désignées par un nombre inférieur à 100. Pair dans le sens est-ouest, impair dans le sens nord-sud. Les nombres sont ensuite désigné suivant le parallèle géographique auquel les routes correspondent plus ou moins. Lors de sa construction les nombres 60, 62, 64 et 66 étaient les désignations possibles. Sauf que le 60 était déjà réservé pour une route dans le Kentucky et le 62 pour une autre dans l’Illinois et le Missouri. L’homme à l’origine du projet aimant les chiffres ronds, le 66 fut retenu et la Route 66 fut nommée. L’âge d’or de la route 66 se situe dans les années 50s – 60s où de nombreuses villes se développent ainsi que de nombreux motels, de stations services et d’attractions touristiques. Beaucoup sont maintenant fermés et à l’abandon mais grâce au regain d’intérêt touristique, certains se maintiennent encore en activité ou ouvrent à nouveau. Très célèbre, la route a eu de nombreux surnoms dont la plus connue est la Mother Road, utilisée pour la 1ère fois par John Steinbeck dans son roman Les Raisins de la colère.

J’avais tout d’abord l’idée de faire l’intégralité de la route, dans le sens ouest – est, en partant de Santa Monica en louant une voiture à Los Angeles. Avec deux détours en cours de route : Las Vegas et la vallée de la mort puis la boucle Grand Canyon – Page -Monument Valley. Un tour du monde ayant une part d’imprévu, j’avais du annuler l’étape Los Angeles. En conséquence, j’ai loué une voiture à Las Vegas et j’ai rejoint la route 66 à Kingsman, au sud est de Las Vegas. J’avais choisi également de ne pas faire la portion passant par Santa Fe (je ne pensais pas avoir suffisamment de temps pour ça). J’avais beaucoup discuté avec un Allemand qui était dans mon dortoir à l’auberge de Las Vegas. Il tenait plusieurs discothèques et restaurants à Chicago et il était à Las Vegas pour affaires (je trouvais un peu curieux qu’il soit dans une simple auberge de jeunesse, mais passons). Il avait déjà fait lui même la route 66 en voiture et il m’avait donné pas mal de conseils. Certains étaient pertinents, d’autres pas vraiment. Il m’avait beaucoup mis en garde à propos de la chaleur au Texas avec les pneus qui risquaient de prendre cher sur le bitume brûlant, des scorpions ou des serpents qui pouvaient entrer dans la voiture ou le sac à dos si on le posait à terre et surtout des stations essences qui pouvaient être rares. Il m’avait conseillé de faire le plein à chaque fois que c’était possible. Il était tombé en panne pour avoir cru pouvoir en trouver en 200 miles. Spoil : je n’ai jamais eu de problème d’essence, il y avait des stations à intervalles réguliers. Dans son cas et vu son âge (il n’était pas jeune), je pense qu’il l’avait fait avant la réhabilitation de la route donc il y avait probablement moins de stations services. Je n’avais pas eu de problème avec la chaleur non plus, peut être parce que c’était fin mai – début juin. Si j’avais pris tous ses conseils au sérieux, je serai parti avec un hummer, 40 L d’eau et du matériel de survie pour 1 mois…

Location de voiture

J’avais donc loué une petite berline chez Hertz, à l’aéroport de Las Vegas. La fille de l’agence avait un peu tiqué quand je lui ai expliqué mon itinéraire. Elle pensait que ce n’était pas le bon type de modèle pour ce genre de route et elle me conseillait plutôt pour un SUV ou un truc dans le genre  à la place. Le fait que la location était deux fois plus chère n’entrait évidemment pas en compte… J’avais prévu de rejoindre Chicago en 11 jours en incluant le détour de 2 jours pour Page. En ajoutant la journée à la vallée de la mort, j’en avais pour 12 jours. Je n’avais pas pris l’option “plein à l’arrivée”, ce qui signifiait que je pouvais rendre la voiture avec le réservoir vide. Vu le prix de l’essence à Las Vegas et à Chicago, je n’étais pas perdant. Mais je n’avais pas pris d’assurance supplémentaire en plus de la basique et j’en ai eu pour moins de 390 €, ce qui était très correct. J’avais demandé à la fille le montant des frais d’abandon vu que je rendais la voiture à Chicago. Elle n’a jamais compris la question et je n’ai jamais pu avoir de réponse. Non pas que je m’exprimais mal mais elle semblai perplexe avec ma question. J’ai fini par laisser tomber. En fait, je l’ai su en la rendant, il n’y en avait pas. Peut être parce que je déposais la voiture à l’aéroport, je ne sais pas exactement. D’où sa confusion.  Pour le détail : j’avais eu une semaine de location à 264 $ et 5 jours à 175,75 $ soit 34,15 $/jour. La location à la semaine coûtait plus cher à la journée à plus de 37 $/jour… Malheureusement, je n’avais pas eu le choix des formules de location dans ma réservation en ligne.

Bref, après avoir eu mes papiers, j’ai rejoint le parking où étaient les voitures. Elles étaient garées suivant leur catégorie et je pouvais choisir n’importe laquelle (de ma catégorie évidemment), les clefs étant à l’intérieur. Je partais pour la vallée de la mort avec John et René et ils m’ont beaucoup aidé à choisir. A trois, on a pu vérifier beaucoup de détails pour éviter des surprises. J’ai fini par prendre une Chevrolet (le modèle, je ne sais plus). Je ne vais pas faire le détail sur les équipements. Juste deux choses : les sièges avant pouvaient se rabattre quasiment à l’horizontale, il y avait le Bluetooth (oui, bah… aucunes de mes voitures en France ne l’avaient donc c’était “nouveau” pour moi) et deux prises usb (sans compter la prise allume cigare). Donc quand je conduisais, j’avais mes trois téléphones de branchés. Le LG me servait de GPS, le Blackberry de juke box et le Blackview pour tout le reste… Le Blackberry était prévu que pour les appels d’urgences (typiquement, quand mon téléphone m’avait été volé à Seattle, je l’aurai utilisé si Alphonse ne m’avait pas prêté le sien). Donc je ne l’utilisais pas habituellement. Mais j’avais oublié que j’avais aussi de la musique de stockée dessus, différente que celle que j’avais sur le Blackview. Donc après des mois à écouter en boucle la même liste de lecture, une nouvelle m’était plus que bienvenue. Et j’aurais pu alterner entre les deux téléphones dès le départ si je n’avais pas été aussi bête. Au niveau des sièges, j’avais mis pas mal de temps à faire les réglages. C’était via des commandes électroniques et j’étais un peu perdu. C’était très bizarre, quand je réglais la hauteur, le siège s’avançait aussi. Donc je devais le reculer mais il descendait à nouveau malgré que c’était une commande différente. Bref, ce n’étais pas évident. Les sièges étaient moins confortables que ceux de la voiture que j’avais louée au Canada. Là, c’était un peu plus embêtant. J’avais parfois des étapes assez longues et le dos prenait cher dès que je dépassais 2 – 3 h de route non stop. A part ça,  c’était un modèle correct.

Avec mon sens de l’orientation à la ramasse, je m’étais fait un road book sur mon petit carnet prévisionnel. Pas aussi détaillé que pour un rallye, j’y avais noté les étapes journaliers, les dates prévues, le nom des principales villes de l’étape avec leurs distances relatives théoriques, le temps de trajet théorique et le nom des routes. Il y avait le GPS bien sûr, mais j’avais dans l’idée que ces notes m’aideraient beaucoup. J’y avais aussi noté quelques arrêts qui m’intéressait, je n’avais évidemment pas l’intention de m’arrêter partout. Spoil : Le GPS n’a pas servi à grand chose pour suivre le tracé. Il indiquait le plus court trajet donc l’autoroute, mais je ne pouvais pas désactiver les autoroutes. Quelques portions de l’historic route 66 passait par l’I40. De plus, il arrivait quelques fois que même en dehors de l’autoroute, le trajet le plus court passait par d’autres routes que la 66 donc l’itinéraire GPS ne me convenait pas.

Au niveau de l’intendance, j’avais pris un bidon de 3L d’eau  pour les parties désertiques. D’après l’Allemand de Las Vegas, je pouvais avoir plusieurs centaines de kilomètres sans croiser de ville donc j’avais prévu de quoi boire au moins. Au final, ça m’a servit uniquement pour me brosser les dents quand je dormais sur les parkings. Il y a eu des journées de grosses chaleurs mais jamais à plus de 35 °C et j’avais la climatisation. Donc je n’avais pas particulièrement soif. En général, j’avais une petite bouteille de coca qui me suffisait. Quand c’était possible, je prenais un gros petit déjeuner le matin qui me faisait tenir la journée et je mangeais le soir en arrivant. Un duvet aurait été utile pour mes nuits dans la voiture mais je ne pensais pas que les nuits auraient été aussi fraîches.

Étape 1 : Las Vegas – Flagstaff (Nevada – Arizona). 430 km (approximatif).

Après ma nuit au Hard Rock hotel, j’ai profité un peu de la chambre le matin et j’ai fait mon check out peu avant 10 h, l’heure maximum pour partir. Je n’avais pas une grosse étape donc je n’avais pas besoin de partir tôt. J’ai fait quelques courses à un Wallmart (où j’ai acheté le bidon de 3 L d’eau, entre autres) et je suis définitivement parti de Las Vegas en fin de matinée, sur la 515 puis la 11. La sortie de la ville  n’avait pas été tranquille, énormément de circulation avec quelques bouchons. A près Boulder, j’ai traversé le Colorado, juste avant la frontière avec l’Arizona, à proximité du barrage Hoover. Peu avantle panneau “Arizona”, dans la montagne, il y avait un point d’observation donnant sur la vallée, mais je ne m’y étais pas arrêté. Je n’avais pas vu l’accès à temps et il n’était pas possible de faire demi tour sur l’autoroute. La vue était magnifique. Je me suis arrêté quelques kilomètres plus loin, des petites routes coupaient la double voie permettant un stop. J’ai rejoint la 66 à Kingman, 2 heures après mon départ. Se revendiquant le “coeur de la route 66”, c’était une ville de taille moyenne avec visiblement pas mal de points d’intérêts en rapport avec la route. Je ne m’y suis pas arrêté. La signalisation de l’historic route 66 était très clair et j’ai pu la rejoindre très facilement. De manière générale, un moyen assez simple de la repérer était la ligne de chemin de fer. La route longeait plus ou moins cette voie ferrée et tant que je la voyais à proximité, je savais que j’étais sur la bonne route. Mais en soi, cette portion ne comportait pas énormément de carrefours et même dans la traversée des petites villes, ce n’était pas compliqué de la suivre. La route était bitumée et dans l’ensemble dans un état très correct.

 

Comme attendu, j’ai pu passer par des longues lignes droites sans rien autour que le paysage. C’était très agréable. Il y avait un peu de circulation, j’étais un peu étonné. Il y a des photos au milieu de la route où j’avais littéralement risqué ma vie pour les prendre. Souvent en hauteur, les voitures arrivant derrière moi n’avait pas la vue dégagée et j’entendais le bruit des moteurs qui se rapprochait pendant que je faisais mes cadrages… Peu avant Ash Fork, l’historic rejoignait l’I40. Je me suis arrêté à Williams où la route se séparait momentanément de l’autoroute. Cette petite ville était relativement proche du Grand Canyon et un train à diesel permettait rejoindre le Grand Canyon village en un peu plus de 2 heures, sur south rim. J’ai appris plus tard qu’un genre de spectacle était inclus dans le trajet, avec notamment une fausse attaque de train… Je m’étais garé dans le centre historique de Williams et à peine sorti (je venais de fermer ma portière), j’étais tombé sur des Français. Un couple qui était tombé sur un autre couple d’amis par hasard… Le centre n’était pas très grand et il y avait énormément de boutiques et de bar/restaurants. De sa proximité avec le Grand Canyon, elle était un arrêt très touristique. Il y avait évidemment beaucoup d’éléments vintages sur le thème de la route 66 : des panneaux, des devantures avec des voitures etc… Je suis allé dans Addicted to Route 66, une boutique où on trouvait énormément de souvenirs dont des plaques métalliques. Pour info, ce magasin avait le plus grand écusson de la route 66 qui dépasser les 2 mètres de hauteur. J’ai rejoint ensuite Flagstaff où je me suis arrêté à Quality Inn, un motel au sud de la ville, pas très loin de l’université. La nuit n’était pas tombée mais il faisait 8 °C… Je ne vais pas m’étendre sur la chambre qui était assez chère à plus de 50 € : non fumeur, il fallait sortir pour s’en griller une, propre et le lit était correct. Il y avait une télévision (que je n’ai pas regardé) et le wifi. Le petit déjeuner était compris et il était servi dans un autre bâtiment, à côté de l’accueil.

 

Étape 2 : Flagstaff – Page (Arizona). 350 km.

De Flagstaff, j’ai fait un détour par le Grand Canyon et Page vu que j’étais à proximité. J’avais pris mon temps pour repartir le matin. J’ai pris un solide petit déjeuner pour tenir la journée et je suis parti en milieu de matinée, après avoir fait le plein. Le Grand Canyon étant dans un parc national, j’avais lu que le prix de l’essence y était beaucoup plus cher. Alors, en moyenne, l’essence était aux alentours de 2,5 – 2,6 $ le gallon sur pratiquement toute route. Dans le parc, elle était à plus de 3 $. En système métrique, ça faisait entre 0,66 $ (0,56 €) et 0,68 $ (0,57 €) le litre contre environ 0,8 $ (0,68 €) le litre. C’était plus cher, certes, mais face aux 1,4 € le litre en France, même le prix dans le parc me semblait donné, donc je n’en avais presque rien à faire. De toute façon, je n’avais pas le choix si je ne voulais pas tomber en panne d’essence. Je n’allais pas me prendre des bidons d’essence pour économiser quelques centimes par litre. J’ai fait un petit tour dans le centre de Flagstaff. Ballade agréable sous le soleil, le quartier était sympa. Quelques boutiques (pas autant nombreuses que j’avais cru), une gare centrale avec un énorme écusson route 66 peint au sol à proximité, des peintures murales, pas mal de restaurants/bars mais il y avait également des coins résidentiels. Des montagnes avec les sommets enneigés étaient visibles au nord. Je m’étais arrêté dans une rue transversale de la 180, en sortant de Flagstaff, pour y avoir une vue plus dégagée. J’étais reparti en fin de matinée via la 180. Une grosse heure de route était nécessaire pour rejoindre le Grand Canyon. Je l’ai déjà dit mais ce fut une erreur. J’aurais du partir du motel plus tôt, vers 8 h pour repartir vers 10 h – 10 H 30. Le centre ville n’était pas énorme et une grosse heure m’avait été suffisante pour en faire un tour superficiel. De cette manière, j’aurai pu avoir 2 heures supplémentaires au Grand Canyon. La route avait été tranquille, sans beaucoup de circulation. Peu avant Valle où j’ai rejoint la 64, j’avais traversé une zone très étendue avec des arbustes à perte de vue. Pour le Grand Canyon, je t’invite à lire la partie “Grand Canyon“.

 

Étape 3 : Page – Kayenta. (Arizona). 250 km.

Je t’invite à lire la partie Page.

Étape 4 : Kayenta – Gallup. (Arizona – Nouveau Mexique). 330 km.

Comme je l’ai dit dans la partie “Page”, je suis parti de Kayenta relativement tôt, avec peu de temps de sommeil mais avec un café et des popcorns offerts. Au départ, j’avais prévu de prendre de la 160 vers le sud ouest puis la 264  à Tuba city pour rejoindre la route 66 à Winslow via la 87. De cette manière, je ne perdais pas trop de portion de la route depuis Flagstaff et je pouvais visiter le parc Petrified Forest avec ses troncs fossilisés. J’avais également prévu de dormir sur le parking d’un Wallmart à Gallup. Mes deux courtes nuits dans le froid m’avaient fait changer de plan. J’étais crevé par le manque de sommeil et j’avais passé une journée relativement longue la veille. Je m’étais donc réservé une chambre dans un motel et j’avais pris le plus court trajet de Kayenta pour Gallup : la 160 par le nord est puis la 491 au sud, via la 64. D’une étape de plus de 560 km (et plus de 6 heures en comptant les arrêts), j’avais réduit à 330 km. J’étais donc arrivé à Gallup très tôt, vers 11 h 30. Évidemment, il était trop tôt pour le check in et j’avais donc visité la ville. De taille moyenne, l’historic la traversait d’ouest en est (ou inversement) et la ville en était une étape importante. Il y avait énormément de peintures murales et de boutiques de produits indiens. En dehors des rues principales, il y avait des petites rues de terre. L’atmosphère y était différente par rapport autres villes américaines que j’avais vue. On y sentait plus l’aspect amérindien.

 

Après quelques heures, il n’y avait pas grand chose qui pouvait m’intéresser, je suis arrivé au motel Desert skie en début d’après midi, le long de l’historic, à l’ouest du centre ville. C’était encore relativement tôt, ils étaient en train de faire les chambres. Mais j’étais vraiment crevé. Très accueillant, ils m’avaient offert une bouteille d’eau fraîche et donné quelques conseils de restaurants dans la ville. La chambre était relativement propre et on sentait qu’elle avait du vécu. Pour 35 $, c’était correct. Le seul problème : la climatisation qui faisait un boucan d’enfer. J’ai été obligé de la couper. J’avais aussi été étonné de ne pas avoir trouvé de papier toilette dans la salle de bain/wc. En soi, ce n’était pas grave, j’en avais qui me restait de mon rouleau de départ. Quelques minutes plus tard, la femme de chambre était venue frapper à ma porte : elle apportait le papier toilette qu’elle avait oublié. Sauf que j’étais à poil, je m’apprêtais à prendre une douche. Du coup, elle a pu apprécier mon superbe corps musclé et viril (j’avais mis une serviette autour de la  taille quand même). Bref après ma douche et un back up des photos, j’avais pu me faire une sieste, histoire de récupérer un peu. En fin de journée, j’étais allé au Wallmart. Je ne voulais pas me faire de restaurant. Il n’était pas très loin, de l’autre côté de la voie ferrée. La caissière avait été amusée par mon porte monnaie. Celui en tissus que j’avais en partant n’avait pas résisté et la fermeture éclair avait lâché. J’en avais racheté un autre, également en tissus, à Tokyo. Il était décoré de maneki-neko, le chat porte bonheur. Elle avait cru que c’était des petits cochons… Pour rejoindre ce supermarché, j’avais du passer par un passage à niveau. J’ai été coincé à l’aller… et aussi au retour. Sauf que c’était des trains de marchandises. Ces trains sont immensément longs et le blocage avait duré près de 20 mn à l’aller et plus d’une demi heure au retour : il y avait un changement de wagons et de voies avec la gare à proximité…

Étape 5 : Gallup – Albuquerque (Nouveau Mexique).280 km.

Je suis reparti vers 9h, sous le soleil. L’historic rejoignait l’autoroute quelques kilomètres plus loin, peu après Wingate. Je me suis arrêté au continental divide, après Coolidge. C’était le point de séparation des eaux : à l’ouest de ce point, les rivières finissaient dans le Pacifique, à l’est, c’était l’Atlantique. Un petit panneau matérialisait cette limite. L’historic se séparait de l’autoroute à cet endroit également. J’ai fait ensuite un stop à Grant, une petite ville. Il n’y avait pas grand choses de spécial mais le coin me semblait sympa pour une petite pause avec un parc. C’était une ville minière avec la plus grande usine d’extraction d’uranium dans les années 50s. Un musée était d’ailleurs présent. Une petite particularité : des paniers géants amérindiennes étaient exposées le long de la route, en une espèce de musée plein air. Près du parking où je m’étais garé, une camionnette vendait des glaces qu’on faisait “soi même” : le vendeur donnait un pot de à base de glace nature et des robinets à l’arrière de la camionnette permettaient d’y ajouter les parfums qu’on voulait. Je n’ai pas goûté.

 

J’ai continué ensuite, toujours vers l’est. Il faisait relativement chaud et le paysage était parfois désertique avec quelques bâtiments plus ou moins abandonnés apparaissant au bord de la route. A Laguna, je me suis pris un hot dog au Laguna Burger, à côté d’une station d’essence qui s’appelait 66 Pit Stop. Ce n’était pas le meilleur hot dog que j’avais mangé, mais pas loin.  Je suis arrivé à Albuquerque par l’I40, l’historic reprenait peu avant mais je n’avais pas réussi à trouver la sortie. Le GPS ayant eu du mal à repérer l’adresse de l’auberge, j’avais un peu galéré pour la trouver. C’était théoriquement relativement facile à trouver, Le Mother Road Hostel était le long de l’historic. Sauf que la route ne s’appelait pas comme ça dans Alburqerque mais central avenue SW et le GPS avait eu du mal avec le “SW”…  J’y suis finalement arrivé en fin d’après midi. C’était une petite auberge de jeunesse sympa, dans une grosse maison. J’étais dans une chambre de 6 lits superposés avec une petite salle de douche commune (il y en avait peut être d’autres aux étages mais j’étais au rez de chaussée). La cuisine était également très petite. J’étais un peu perdu entre les hôtes et les membres du personnel. Ils étaient nombreux, de tout âges. Très sympa, j’avais pas mal discuté avec eux mais il y en avait un qui avait un accent très difficile. Je ne comprenais qu’un mot sur trois. Il n’y avait qu’une autre personne dans ma chambre : un Belge qui avait passé plusieurs mois dans le Texas. Après avoir fait un tour dans la ville, j’avais passé la fin de soirée à discuter avec le mec à l’accent incompréhensible et un couple qui faisait également parti du staff.  Quand j’ai été de retour à l’auberge, le soir, ils finissaient de manger des tacos “maison” qu’une femme du staff avait préparé. Très gentille, elle en avait fait une quantité énorme et m’avait plusieurs fois proposé d’en manger. Sauf que j’avais déjà mangé donc je n’avais plus faim.

 

Albuquerque étant relativement grande, j’avais passé une partie de ma soirée dans la ville en remontant Central avenue et quelques rues adjacentes. Petite anecdote : un gamin à vélo avait essayé de me vendre de la limonade. Bien tenté. J’avais croisé également un homme plus ou moins bourré qui m’avait conseillé d’être très prudent avec mon appareil, à cause des vols. Bien que très fière de la route 66 (des panneaux “route 66” parsemaient la route dans tout le centre ville), la ville ne semblaient pas beaucoup attacher d’importance à sa préservation avec de nombreux bâtiments vintages qui avaient disparus. Pour ceux qui suivent les séries, elle semblait porter plus d’intérêts sur la série “Breaking Bad” avec pas mal de décorations en rapport avec. Il y avait cependant beaucoup de peintures murales dans d’autres thèmes. J’étais allé jusqu’à l’est de l’université, à flanc de colline.

 

Je suis allé ensuite manger au Diner 66, que j’avais repéré durant mes préparatifs. C’était un restaurant ouvert en 1987 dans une ancienne station Phillips des années 50s. Ils avait repris l’ambiance des années 50s – 60s avec une carte géante de la route 66 sur un mur, dans la salle principale, un juke box. Une 2ème salle, moins typique mais avec plus de places était également disponible, composée uniquement de tables et de chaises. La pièce principale avait des petites tables rectangulaires et des canapés. Le passage entre les deux salles étaient également longé par une série de petites tables et canapés. J’avais été installé là. En voyant mon appareil photo, la fille qui m’avait réceptionné m’avait indiqué une salle qui pouvait m’intéresser. Isolée des clients, cette salle était entièrement dédiée pour les photographes. Les toilettes étaient dans le même style, carrelée en petits carreaux noirs et blancs et des posters de Marylin Monroe chez les hommes. Je ne sais pas quel était la déco dans les toilettes femmes, je n’avais pas osé y aller. Avec le recul, je pense que j’aurai pu. Le personnel m’avait déjà repéré avec mon appareil donc je ne pense pas qu’il y aurait  eu de méprise. J’avais quand même demandé la permission pour prendre des photos de la salle principale avec le bar (et Bibou). Pour rester dans l’ambiance, j’avais pris un hamburger (je crois que c’était le Diamond Back) et un verre de Coca. Le serveur était marrant. Lorsqu’il a pris ma commande, il m’avait dit que c’était son hamburger préféré et que j’avais bien fait. Lorsqu’il m’avait demandé la cuisson, j’avais demandé “raw”, c’est à dire “bleu”. Il m’a répondu “Vous, je vous aime ! C’est comme ça qu’il faut manger la viande !”.  Il était également fan de Metallica. Du coup, en voyant ma casquette, on avait un peu discuté de ce groupe. Curieusement, il ne connaissait pas l’album S&M … Peu après ma commande, une serveuse est venue me voir : ils s’étaient trompé dans la cuisson et ils avaient un peu trop cuit la viande. Elle voulait savoir si je voulais qu’ils m’en refassent un autre. Je n’ai pas posé de problème et j’ai accepté la version “cuite”. En fait, la viande était rosé au lieu de saignante donc ça allait. Si ça avait été de la semelle, peut être que j’en aurai demandé un autre. Servi avec des frites, hamburger n’était pas mauvais et de taille respectable. J’avais fini le repas avec un milkshake, histoire de rester dans l’ambiance jusqu’au bout. Sauf que je ne m’attendais pas à leur version. C’était un verre énorme qui débordait de chantilly et de cerises au sirop (en principe, il ne devait en avoir qu’une mais j’avais eu la version clafouti), limite c’était trop pour moi. C’était un restaurant très sympa et pas excessif, j’en avais eu pour 25 $, dont 5 $ de pourboires.

 

A mon retour, j’avais croisé deux choses un peu étonnantes. Une course à pied et un groupe de cyclistes. Rien de spécial en soi. La course regroupait une cinquantaine de coureurs, dans Central Ave. Mais ils n’avaient pas bloqué la route sur le trajet. Il y avait des motards de la police qui ouvrait le chemin et tout le groupe était suivi par des ambulances et des voitures de polices au ralenti et les autres voitures étaient bloqués derrière sans pouvoir doubler… Un groupe de cyclistes est assez banal mais ils étaient très nombreux (près d’une centaine) et je les avais croisé au niveau d’un rond point qu’ils avaient bloqués assez longtemps en en faisant plusieurs fois le tour (mais beaucoup). Je n’avais pas bien compris leur but…

 

Étape 6 : Albuquerque – Amarillo (Nouveau Mexique – Texas). 500 km.

Avant de partir, j’avais pris un petit déj à l’auberge et j’ai discuté avec un Américain que je n’avais pas vu la veille. Il était dans une autre chambre et on ne s’était pas encore croisé. Il était venu à Albuquerque pour son boulot mais il était venu quelques jours avant pour en profiter un peu. Une femme nous avait rejoint ensuite. Je ne l’avais pas rencontré avant non plus. Elle habitait Los Angeles et venait de Santa Fe. En apprenant que j’étais Français, elle m’a fait goûté des viennoiseries qu’elle avait acheté à une pâtisserie française à Santa Fe en me demandant mon avis. Je ne me rappelle plus du nom de la pâtisserie mais le pain au raisin était très bon et le croissant aux amandes tenait la route. Donc si tu passes par Santa Fe, il y a une pâtisserie très correcte sur place, à priori.

J’ai repris la route peu après 9 h. La sortie d’Albuquerque était relativement compliquée, j’avais réussi à me perdre. Pour ma défense, il y avait un carrefour avec des grandes rues et je m’étais planté de voies donc coincé avec les lignes blanches, j’avais du faire quelques demi tours… Bref, une fois sorti de la ville, la route était plus claire, avec beaucoup de cyclistes. J’ai fait un petit arrêt à Clines Corner, peu après Moriarty où la route rejoignait l’I40. Clines Corner était le plus grand magasin de souvenirs R66 du Nouveau Mexique. Mon 2nd stop avait été à Santa Rosa. Il y avait un petit musée de la route 66 assez sympa, la Route 66 Auto Museum. Une vieille voiture jaune en haut d’un pylône en marquait l’entrée. C’était une immense salle avec une trentaine de voitures de différentes époques, restaurées par le propriétaire du musée, dont certaines étaient en vente. Des éléments de décorations en thème avec la route étaient disposés le long des murs. J’avais eu de la chance, il n’y avait quasi personne, juste deux autres qui étaient arrivés après moi. Il y avait évidemment une petite boutique. Je me suis ensuite arrêté à Cuervo. J’avais vu qu’il y avait la plus petite poste des États Unis. Manque de bol, le hameau était quasi à l’abandon et le bureau de poste n’existait plus…

 

Peu après Tucumcari, une portion de l’historic était relativement abandonnée avec une longue partie en terre. C’était un passage sympa mais je flippais un peu à cause de la caillasse projeté sur la carrosserie. Au début, je ne roulais pas vite : aux alentours de 20 miles à l’heure. En fait, il valait mieux rouler plus vite. Aux alentours de 50 – 70 miles/h, les cailloux n’avaient pas le temps d’atteindre la carrosserie.

 

Mon 3ème stop a été à Adrian, au Mid Point Cafe. C’était un bar/restaurant situé au point équidistant de Chicago et Santa Monica. Symboliquement, c’était un arrêt qui m’importait. A l’extérieur du café, un panneau matérialisait ce point. Un couple avait une gamine d’environ 3 -4  ans y était aussi et faisait quelques photos. Rien qu’à les voir et sans les entendre, je savais que c’était des Français. Ils sont venus me voir pour me demander de les prendre en photo. Leur anglais était très rudimentaire. Du coup, je les ai rassurés direct en leur disant que j’étais Français. Ils avaient littéralement sauté de joie. Bon, je n’étais pas particulièrement content de croiser des compatriotes mais ils étaient tellement contents que je n’ai pas eu le coeur à les décevoir. Donc j’avais pris sur moi et j’ai passé un peu de temps à discuter avec eux. C’était un couple qui vivait à Grenoble et c’était leur 1er  voyage. Ils n’étaient jamais partis de leur région. La femme n’était voyages et c’était le mari qui était intéressé par ça. Il l’avait travaillé au corps presqu’un an pour qu’elle accepte. Pour un 1er voyage, ils avaient choisi de faire la route 66, tout seul, avec une voiture louée. Ils étaient très chauds pour le coup. Avec son anglais très basique, le mari s’était occupé de l’itinéraire , de toutes les réservations d’hôtels et de la location de voiture. Ils n’avaient pas choisi la solution de facilité via une agence et je les respectais pour ça. Pour un 1er voyage, ce n’était pas évident. Ils faisaient la route en sens Chicago – Santa Monica et ça faisait plus d’une semaine qu’ils étaient partis. La femme avait apprécié ces premiers jours et était partante pour d’autres voyages à l’avenir, au bonheur de son mari. J’étais le 2ème Français qu’ils croisaient, le 1er avait été à la sortie de Chicago où il les avait aidé à passer le péage de l’autoroute. D’où leur joie. Quand on passe pour la 1er fois un péage aux Etats Unis, ça peut être confus. Surtout si on ne parle pas bien l’anglais. On avait beaucoup discuté de mon tour du monde également. Finalement, on a “visité” le Mid Point Cafe ensemble. Rien de spécial, un restaurant avec une déco vintage et une petite partie boutique. Il n’y avait personne d’autres à part nous et la propriétaire. En repartant, la porte était fermée. Je ne comprenais pas trop, il était un peu plus de 16 h et il était censé fermer à 17 h. En fait, j’avais passé un fuseau horaire et il était 17 h passé… Heureusement, la femme qui tenait la boutique avait été sympa et nous avait pas fichu à la porte. Elle nous avait laissé le temps. Le couple est ensuite reparti en direction d’Albuquerque (je ne sais pas à quel heure ils y sont arrivés mais j’y étais parti peu après 9 h et il était 17 h bien tassé…) et moi, j’ai repris ma route vers l’est.

 

La route longeait l’autoroute des deux côtés et j’avais emprunté le côté nord. Juste avant Amarillo, je voulais voir Cadillac Ranch, une petite curiosité. Je ne l’ai pas trouvé, j’ai du faire demi tour. Cadillac Ranch était sur le côté sud de l’autoroute… Alors, ce site était un peu insolite : à une centaine de mètres de la route, quasiment dans les champs, des carcasses de Cadillac étaient plantées en biais dans le sol et taguées par les nombreux touristes. Il en résultait une espèce d’œuvre d’art moderne, un peu insolite. De loin, c’était effectivement curieux de voir ces voitures à moitié enfoncées dans le sol. De près, c’était franchement dégueulasse. Elles étaient plantées dans une espèce de boue (il avait plu à mon arrivée) et le sol était jonché de bombes de peintures que les gens laissaient sur place, bien qu’il était précisé de rien laissé traîner. De plus, les tags étaient faits par les touristes donc c’était très moche et il y en avait même par terre. Heureusement, il n’y avait pas beaucoup de monde donc j’avais pu prendre mes photos sans trop de difficulté. Il n’y avait pas de parking donc il fallait se garer le long de la route. En pleine saison, je pense qu’il faut prévoir quelques minutes de marche avant d’atteindre le point d’accès au site.

 

Après ce dernier stop, je suis arrivé à mon motel : l’America Best Value Inn. Le GPS avait la bonne localisation mais son point était un peu décalé donc au lieu de m’indiquer la bonne entrée avec la bonne rue, il me guidait par un autre accès qui n’existait pas et je m’étais retrouvé à nouveau sur l’autoroute tout en voyant le motel de là. J’ai du me servir de mon sens de l’orientation. Autant dire que j’avais pas mal tourné.

Après avoir déposé mes affaires, je suis allé au Big Texan Ranch, un restaurant relocalisé le long de l’I40, qui faisait aussi motel. C’était un établissement tout en jaune (la couleur de la ville) avec un bœuf géant à l’entrée. Le personnel avait quasiment tous des chapeaux de cow boy et était habillé en jean, chemises à carreaux et bottes. Le restaurant se composait d’une grande salle avec une partie relativement étroite en étage qui en faisait tout le tour. La décoration était typiquement texan (du moins, ça semblait) avec beaucoup de trophées chasses empaillés, un coin grillade où on voyait les cuisiniers cuire les morceaux de viandes et des mecs qui passaient entre les tables pour jouer de la country. Le restaurant étant très populaire, il y avait un temps d’attente relativement long. On nous fournissait un biper à notre arrivée et on nous prévenait dès qu’une table se libérait. Pour ma part, j’avais presque une demi heure d’attente. En fait, moins de 5 minutes plus tard, j’étais bipé. Je n’avais même pas eu le temps de fumer une clope. En plus du restaurant, il y avait une boutique, un bar et une zone de mini fête foraine. Le restaurant proposait également un “concours” : une pièce de viande de 72 oz (plus de 2 kg) à manger en moins d’une heure avec sa garniture. En cas de réussite, le plat était offert. Le concours vient d’une petite histoire, écrite sur les verres du restaurant : un groupe de cow boys s’étaient arrêté au restaurant. L’un d’en eux avait tellement faim qu’il avait mangé plusieurs pièces de viande pour un cumulé de 72 oz, en moins d’une heure. Impressionné, le patron lui avait offert le repas. De mon côté, je n’avais pas tenté le défi. J’ai été plus classique : un hamburger à la viande bien saignante et un demi de bière. L’ hamburger était tellement gros qu’il était servi en deux parties avec un bas de pain et la viande d’un côté et l’autre pain et l’accompagnement de l’autre. Pas mauvais. Il y avait eu un énorme orage pendant que j’étais au restaurant. Grosse pluie, éclairs dans tous les sens, j’étais plutôt content d’être à l’abri. Après le repas, j’avais demandé si je pouvais faire quelques photos de la salle, ça ne posait aucun problème. Bien au contraire. En montant à l’étage, un serveur m’avait vu avec mon appareil et m’avait direct demandé de le prendre en photo. Pendant qu’il prenait la pose, un de ses collègues est venu s’incruster pour la même chose. Le restaurant était sympa dans l’ensemble et la nourriture très correcte. J’en avais eu pour 25 $ (dont 5 $ de pourboire). Évidemment, il y avait également des Français dans la salle. Un groupe était entré bien après moi, pas de problème pour les repérer : ils se hélaient en criant, parlaient évidemment très fort et même avec le brouhaha ambiant, on pouvait les entendre. Ils ne faisaient vraiment pas honneur aux touristes français…

 

Étape 7 : Amarillo – Oklahoma (Texas – Oklahoma). 500 km.

Parti vers 9h, j’ai repris la route sous le soleil. J’ai fait un rapide arrêt à Groom, qui avait deux particularités : une croix géante (mais vraiment, plus de 50 mètres de haute) et un château d’eau penché. Peu après, j’avais réussi à rejoindre l’historic qui passait par des parties boisées. J’avais fait un stop également à une station d’essence abandonnée à Alanreed, un petit village presque désert. L’arrêt suivant a été Shamrock, petite ville proche de la frontière avec l’Oklahoma. Il y avait beaucoup de peintures murales dont une représentant chaque état traversé par la route 66 avec une voiture différente. La ville avait également le U-Drop Inn cafe, un motel construit en 1936 dans un style art-déco, classé monument historique en 1997. L’activité motel n’existe plus et a été remplacé par une chambre de commerce, un  centre communautaire et un office de tourisme.

 

J’ai ensuite rejoint Clinton où j’ai visité le musée de la route 66. Petit, il était très intéressant. Il retraçait l’histoire de la route 66, de sa construction jusqu’à sa renaissance. Pour 7 $, ça valait le coup. J’ai fini mon étape à Oklahoma City, en fin d’après midi. L’accès a été très compliquée avec des autoroutes dans tous les sens. Je me suis perdu plusieurs fois. Le motel était près d’une sortie de l’I40 mais l’arrivée m’avait tellement gonflée que je n’avais même pas cherché à rejoindre le centre ville pour visiter un peu. J’ai passé la soirée au motel.

 

Étape 8 : Oklahoma City – Springfield (Oklahoma – Missouri). 560 km.

Après un petit déjeuner à base de waffles, de muffin et de pain grillé, j’ai repris ma route vers 9h. J’ai eu un peu de difficulté à rejoindre l’historic au nord est d’Oklahoma City et je me suis arrêté à Arcadia. Je voulais faire un tour au Round Barn, une grange conçue pour résister aux tornades, convertie en musée. Mais j’y étais trop tôt, ce n’était pas encore ouvert… Je suis ensuite allé au Pops, un magasin à la sortie d’Arcadia. Le bâtiment était très visible de la route, mais en passant devant, j’avais cru que c’était une station service… Donc j’avais un peu tourné avant de me rendre compte de mon erreur. Pops est le plus grand magasin de soda des Etats Unis avec des centaines de soda différentes. Il n’y avait quasiment personne, à part une petite famille. Par curiosité, je m’étais pris deux sodas, un au citron et l’autre à l’orange. Franchement pas terrible. Relativement sucré, le goût était très artificiel et on sentait beaucoup trop le côté chimique. J’ai ensuite fait un stop à Stroud, un village où était situé le Rock Cafe, un restaurant entièrement rebâti avec les pierres de la route 66 de 1939 après un incendie en 2008. Pixar s’était inspiré de la propriétaire pour créer leur personnage de Sally dans Cars. Des panneaux à l’entrée du restaurant reprennent les principaux personnages du film.

 

A la sortie de Tulsa, j’ai rejoint la périphérie de Catoosa. Elle abritait la Blue Whale, un étang avec une baleine bleu servant de toboggan. Le site fut abandonné en 1988. Elle fut restaurée une 1ère fois en 2010 par des bénévoles et l’hôtel Hampton. En 2018, The Chive, un site communautaire, restaura le site une 2nd fois et s’occupe depuis de son entretien. La baignade n’y est cependant toujours pas disponible. J’y ai passé un peu de temps. Peu après, un groupe d’une vingtaine de motards était passé, suivis par 4 Français (encore !). Je ne disais rien donc personne ne m’avait grillé…

 

Je suis reparti avec la pluie. J’étais légèrement plus rapide que le front nuageux donc tant que je roulais, j’évitais les gouttes mais dès que je m’arrêtais, je me prenais la flotte. Je me suis un peu perdu à Vinita, je cherchais le Mc Donald’s de la ville. C’était le plus grand du monde et il enjambait l’I40. Sauf que j’arrivais par la old route 66 et j’avais eu un peu de mal à retrouver l’autoroute à partir du centre ville, malgré le GPS. Du coup, je n’ai pu le voir que depuis un autre pont. J’ai fait ensuite un petit arrêt clope à Miami. La pluie m’avait bien rattrapé. La portion entre Miami et Baxter a été compliquée : le GPS ne m’aidait pas du tout et l’historic n’était pas bien indiquée. Je zigzaguais entre la old route 66 et d’autres routes qui n’avaient rien à voir. A Baxter, j’étais dans le Kansas. La route n’en parcourais d’une petite partie, d’environ 30 km. La devise du Kansas est “Jusqu’aux étoiles par des sentiers ardus”. Ce n’étais pas une devise pour rien, ces quelques dizaines de kilomètres sous la flotte ont été compliquées. En galérant pas mal, j’avais réussi à rejoindre le Marsh Arch bridge, un ancien pont désaffecté, le long de l’historic.

 

J’ai atteint ensuite Galena, une petite ville assez jolie. Il y avait énormément de peinture murale. Petite anecdote : je prenais une photo d’une façade d’une pharmacie du trottoir opposé, à un carrefour. Une voiture conduite par une femme s’était arrêté peu avant. Je lui avais signe d’avancer en mode “Allez y, pas de problème”.  Et bien non ! Elle a attendu que je prenne mon cliché pour rejoindre le carrefour, 10 mètres plus loin. Très sympa. Vu le nombre de fois où j’ai râlé parce que les gens passaient devant moi pendant que je prenais une photo, il fallait que je relève son geste. D’autant plus exceptionnel qu’elle était en voiture ! A la sortie de Galena, la old route était bloquée par des travaux. Pas le choix, j’ai du rejoindre l’autoroute. Après avoir traversé Joplin, je me suis arrêté à Webb City. Je voulais faire un tour au Bradbury Bishop Deli, un restaurant cafe typique de l’âge d’or de la route. Malheureusement, il était définitivement fermé et en mis en vente… J’ai ensuite voulu rejoindre Carthage, notamment pour son cinéma drive in, encore théoriquement en activité. Sauf que je me suis perdu dans les autoroutes et la pluie. Je me suis retrouvé en direction du sud alors que je devais aller au nord est. Perdant trop de temps, j’ai fini mon étape en rejoignant l’I44 puis Springfield. Dans l’ensemble, cette étape a été compliquée…

 

Mon motel était quasiment à la sortie de l’I44, au nord de la ville. La femme de l’accueil, d’origine indienne (de l’Inde, hein, pas native), était très sympathique. On avait un peu de temps à discuté. Elle avait visité les chutes du Niagara que j’avais aussi vu quelques temps auparavent.

Étape 9 : Springfield – Saint Louis. (Oklahoma – Kansa – Missouri). 370 km.

Le soleil fut de retour le matin. J’ai retrouvé l’historic, à côté d’une station service où j’avais fait le plein. J’avais eu un peu de mal avec la pompe, le système d’enclenchement n’était pas habituel… La route longeait en grande partie l’I44. Je me suis arrêté au World Largest Gift store, un énorme entrepôt de souvenirs en tout genre, au nord de Pillipsburg. Il était à côté d’une fabrique de bonbons. Ces derniers étaient vendu au poids, à un tarif unique. Des sachets en papier étaient à disposition et on se servait. Intéressant, on pouvait voir également la partie fabrication à travers une vitre.

 

J’ai rejoint ensuite Lebanon, une ville de taille moyenne. Un homme m’a vu avec mon appareil photo et m’a conseillé quelques points de vue pour mes clichés. Sympa. A la sortie de Lebanon était le Munger Moss Motel, un motel en activité depuis 1946. Je suis passé ensuite par le Devil’s Elbow bridge, un peu à l’écart de la route. L’un des anciens tracés passait par ce pont métallique. La vieille route y menant donnait un point de vue en hauteur sur un autre pont métallique, ferroviaire. Au début, je croyais que le Devil’s Elbow bridge était ce dernier… Du pont, j’ai repris l’historic qui passait par le Hooker Cut, une faille dans la montagne qui a permis le passage de la route.

 

Mon arrêt suivant était Cuba, une petite ville avec beaucoup de peintures murales. Pris par le temps, je n’y avais pas trop traîné. A une cinquantaine de kilomètres au nord est, je suis passé par Saint Clair. Rien de particulier dans cette ville à part les deux châteaux d’eau : un estampillé “cold” et l’autre “hot”. Je m’étais retrouvé coincé derrière un bus scolaire. Impossible de doubler. Un bus scolaire est prioritaire et lorsqu’il est en arrêt, un gros panneau “stop” se déploie ainsi que des gyrophares pour permettre aux élèves de descendre en toute sécurité. Malheur à la voiture qui tente de passer à cet instant ! Un peu par hasard, je suis tombé plus tard sur une boutique qui semblait un peu particulière à Pacific. Se nommant “Eclectic Trading Compagny”, ça ressemblait à genre de cabinet de curiosité. Malheureusement, elle était fermée donc je n’ai pas pu en savoir plus.

 

Aux abords de St Louis, j’ai perdu l’historic et je n’ai eu d’autres choix que de prendre l’autoroute pour entrer dans la ville. L’étape avait été très agréable pour la conduite avec beaucoup de passage dans les sous bois et dans des petites villes rurales de l’Amérique profonde. Même sans m’y arrêter, je sentais le côté conservateur de cette région. J’avais vu un nombre assez important d’animaux écrasés aussi : des blaireaux, des renards, des ratons laveurs et d’autres plus petits. J’avais moi même failli écraser un serpent qui se dorait au soleil et une tortue. J’ai rejoint St Louis par le sud ouest et j’ai rejoint mon motel au nord du centre ville. C’était un motel assez minable. La chambre était salle avec un matelas à moitié recouvert d’une couche de plastique. La cour intérieur était petite et l’accès était plus ou moins surveillée et barrée par une barrière le soir. L’accueil se faisait via un guichet où on communiquait à travers une vitre sécurisée. Les clefs et l’argent était échangés via un tiroir. Au début, je voulais payer par carte mais le mec au guichet avait demandé mon code PIN pour le paiement. Normal, tu me diras mais il voulait que je le lui note sur un papier ! J’ai payé en espèce. Pour presque 60 $ la nuit, c’était très cher. J’aurai beaucoup mieux fait de dormir sur le parking d’un Walmart… J’ai fait un petit tour dans le quartier et le centre ville. Sans plus, ce que j’ai vu ne m’avait pas très emballé. Le quartier où je logeais ne transpirait pas la sécurité non plus. Ce fut la seule fois du voyage où j’ai planqué mon appareil en me baladant. Pour info, j’ai appris plus tard que c’était la ville la plus dangereuse des États Unis en 2010 avec plus de 2 000 délits pour 100 000 habitants alors que la moyenne nationale était aux alentours de 430. Je me suis posé un temps dans un McDo, histoire de profiter du wifi. Pour info, c’était plus cher à St Louis par rapport aux autres villes où j’avais été. Par contre, les cigarettes dans le Missouri étaient moins chères.

 

Étape 10 : Saint Louis – Springfield (Missouri – Illinois). 180 km.

Étape courte, j’aurai pu aller directement à Chicago mais ça faisait plus de 500 km et j’avais peur d’arriver un peu tard pour rendre la voiture et rejoindre mon auberge de jeunesse. Je ne voulais pas y être à 22 h ni faire l’étape en fonçant. Donc j’avais séparé en deux.

Je suis parti du motel vers 8 h30 et j’ai rejoint la Gateway Arch. C’était une arche énorme de 192 mètres de haut, tout en acier inoxydable et construite en 1965. Elle pouvait se visiter, l’accès se faisant à sa base. Je n’ai pas fait la visite. Elle surplombait un petit parc. Pour la petite histoire, un groupe de touristes Hamish y était en même temps que moi. Elle est situé sur la rive ouest du Mississipi, à côté du centre ville et de sa coupole. J’ai essayé de rejoindre ensuite la route 66 mais ce fut compliqué. Pour la petite histoire, Saint Louis comportait pas moins de 6 tracés différents suivant les périodes et les panneaux étaient très bien pour te perdre : entre “optional 66” , “alternate route 66” ou autre “bypass route 66”, ce n’était pas évident de se repérer.

 

En partant de la ville, j’ai voulu faire un arrêt au Chain of Rocks, un ancien pont métallique traversant le Mississipi où passait un ancien tracé de la route 66. Je voulais y accéder par la rive est. Cependant, l’accès était fermée, je ne sais pourquoi. J’ai du retraverser fleuve par le nouveau pont Chain of Rocks, à quelques centaines de mètres au nord de l’ancien pont. De là, j’avais rejoint la Riverview drive qui longeait la rive ouest. Mais elle était également fermée pour travaux. J’ai négocié avec les ouvriers sur place pour pouvoir me garer et allez enfin à ce vieux pont qui commençait à me gonfler. Ils n’ont pas posé de problèmes. Le pont n’était pas accessible (en principe, les piétons et les cyclistes pouvaient l’emprunter), je ne sais pas pourquoi. Mais j’avais pu m’en approcher suffisamment. Ma séance photo terminée, j’ai retraversé le Mississipi pour la 3ème fois et je suis entré en Illinois. Tout comme à Saint Louis, il existait plusieurs tracés de l’historic suivant les périodes. Des panneaux précisaient les périodes concernées des tronçons et  j’ai alterné entre 1926 et 1974… Pour ne rien arranger, certaines parties étaient bloquées pour causes de travaux ou d’inondations et j’avais du plusieurs fois prendre des chemins alternatifs.

 

Du coup, j’avais récupéré la liste de toutes les villes traversées par la route 66 entre Chicago et Saint Louis et je suivais cette liste plus que les panneaux historic route 66. Dans l’ensemble, ça coïncidait pas mal. Les routes dans l’ensemble n’étaient pas désagréable à la conduite. A proximité d’Auburn, j’ai du m’éloigner du tracé pour faire un petit détour. En coupant par des petits chemins à travers champs, j’ai rejoint la brick road, au nord d’Auburn. C’était une ancienne portion de la route 66 avec un revêtement tout en briques rouges sur plusieurs kilomètres. La prudence était nécessaire, quelques briques étaient descellées et trainaient sur la route. Peut être par chance ou bien tout simplement par ce qu’elle n’était plus du tout empruntée, je n’avais croisé qu’une seule voiture. J’avais pu prendre mes photos tranquillement sans me soucier de la circulation. J’avais même croisé une biche qui traversait la route. J’étais à l’arrêt et j’allais redémarrer lorsqu’elle avait surgi d’un champs sur le côté. Elle s’était arrêté un petit moment à me regarder puis avait fini de traverser pour rejoindre les fourrés.

 

J’ai atteint ensuite Springfield en début de matinée. J’avais encore pas mal de temps avant mon check in à mon motel. Je m’étais donc garé dans le centre ville. J’étais un peu étonné : les places ne semblaient pas payantes… Par sécurité, j’avais quand même demandé confirmation à un local. Donc si tu passes par Springfield (et si ça n’a pas changé), tu peux te garer sur la south 5th street entre E Capitol Ave et E Jackson street gratuitement pour 2 heures. Il faisait très beau et relativement chaud. De la maison du gouverneur sur Jackson street, j’avais fait une espèce de huit qui passait par le Capitole à l’ouest  la Lincoln Colored Home à l’est. J’avais ensuite redescendu la Capitole street. Des panneaux à intervalle régulier affichaient des citations de personnages célèbres (politiques pour la majorité). La Lincoln colored Home était le 1er orphelinat dédié aux Noirs, fondé par Abrahma Lincoln lors de la Guerre de Secession. Springfield était la ville de résidence de Lincoln et en portait évidement une grande fierté. Sa ancienne maison se visitait et le quartier environnant était plus ou moins restauré dans l’apparence de l’époque. Sa tombe se trouvait également dans le cimetière de la ville.

 

J’ai rejoint ensuite mon motel en fin d’après midi, juste à temps pour éviter un orage assez violent. J’étais au Route 66 Hotel & conference center, un motel dans le thème de la route 66 (sans blague ?) avec un bar/restaurant (qui était fermé) et pas mal d’éléments de décorations à l’intérieur et à l’extérieur. L’entrée reproduisait une antique station d’essence. J’aurai pu passer une partie de la soirée en ville (je n’en avais vu qu’une infime partie) mais coup de flemme, je suis resté au motel à faire mes sauvegardes de photos. L’orage ne m’avait pas motivé pour ressortir non plus… La chambre était très bien, après la nuit à Saint Louis, ça faisait du bien.

 

Étape 11 : Springfield – Chicago (Illinois). 305 km.

Dernière étape de mon road trip. Alors que je rangeais mes affaires dans la voiture, j’ai été abordée par une jeune femme. Elle était Californienne et avait vu ma plaque d’immatriculation de Californie. Elle pensait que j’étais aussi Californien et était toute joyeuse à l’idée de croiser un “compatriote”. Je l’ai un peu refroidi en lui expliquant que j’étais Français et que c’était une voiture de location… J’ai rejoint l’historic dans Springfield puis la route a été alterné entre l’historic et la old 66. La route coïncidait en fait avec l’I55 business, indiquée avec un panneau vert, qui longeait en partie l’autoroute I55, indiquée avec un panneau bleu. J’avais fait un détour par Elkhart. Pas grand choses dans ce petit village, je pensais rejoindre la old en le traversant. En fait, non. Je m’étais retrouvé dans les champs et j’avais du faire demi tour.

 

Mon 1er arrêt a été à Atlanta avec le tall Paul, un muffer man avec un hot dog. Il était installé à l’origine à Cicero pour un stand de hot dog. Après sa fermeture en 2003, il a été transféré à Atlanta. Pendant que je prenais d’autres clichés des façades alentours, j’ai été abordé par une femme qui venait de se garer à proximité. D’abord classique, la discussion avait un peu dévié lorsqu’elle a appris que j’étais dans la biologie. Elle ne connaissait pas grand chose au niveau des vaccins et en avait profité pour me demander quelques renseignements vis à vis des arguments anti vaccins qu’elle entendais autour d’elle, notamment le rapport avec l’autisme. Bref, je m’égare. La femme tenait la 66 memories shop, une boutique devant laquelle je m’étais garé et elle venait l’ouvrir pour la journée. Très sympa, elle m’en avait fait la visite et m’avait ensuite prendre toutes les photos que je voulais. L’ancien propriétaire avait conservé tous ses effets depuis son enfance et en avait ensuite fait une sorte de musée qu’elle avait repris. La pièce unique regorgeait d’articles des années 50s – 60s. Je n’avais pas vraiment prévu d’acheter quoique ce soit à Atlanta, mais vu la sympathie de la femme, je lui avait acheté une babiole : un mobile à vent version Betty Boop. Elle m’a offert un de ses sous verre en bois, pyrogravé au nom de la boutique qu’elle venait de faire avant de venir. Contrairement à la majorité des autres touristes français qu’elle voyait, j’arrivais à tenir une discussion avec elle, sur des sujets pas forcément en rapport avec la boutique. Elle avait été étonnée et avait beaucoup apprécié. Peu après, trois couples de motards sont entrés dans le magasin. Des Français… Bien lourds. En entrant, ils avaient gueulé un “hello !” qui les a grillés direct. Petit truc : ne jamais dire “hello” aux États Unis, un “hi” sera beaucoup mieux perçu. Ils s’étaient ensuite séparés dans la boutique en touchant à tout et s’interpellant d’un bout à l’autre de la salle. Il y en avait même eu deux qui avaient trouvé le moyen de me bousculer pendant que je discutais avec la femme. Du coup, j’en ai profité pour lui dire que j’en avais ma claque de croiser des Français et que la plupart me gonflaient. Elle m’a expliqué qu’il y en avait énormément à faire la route 66 et que de base, ils n’étaient pas très appréciés des commerçants à cause de leur comportement. Elle m’aimait bien d’autant plus que je n’étais pas comme ça. Les autres ne parlant pas anglais, il n’y avait aucun risque qu’ils surprennent notre conversation. Elle m’a montré son livre d’or et il y avait effectivement beaucoup, beaucoup de Français qui étaient passés…

 

Après un arrêt plus long que prévu (presque 3/4 d’heure), j’ai repris mon trajet et j’ai rejoint Pontiac. Il y avait un musée qui m’intéressait beaucoup : l’IllInois route 66 hall of fame and Museum. Ouvert en 2004 et tenu par des bénévoles, l’entrée était libre et à prix libre via des donations. Le musée se composait d’une salle unique avec une exposition d’objets hétéroclites des années 40s -50s principalement avec un vieux van Volkswagen jaune. Pour l’anecdote, la directrice du musée n’a jamais quitté l’Illinois et donc n’a empruntée la route 66 que dans cet Etat… Derrière le musée se trouvait la plus grande fresque murale du monde d’un panneau de la route 66 avec une portion de l’ancienne route en briques rouges devant. A côté était le School bus road yacht de Bob Waldmire, un artiste ayant contribué à la cartographie de la route 66 (entre autres). En dehors du musée, Pontiac avait énormément de fresques murales dont certaines en simili trompe œil.

 

J’ai ensuite roulé quasiment non stop jusqu’à Chicago. La plupart des villages traversés ne nécessitaient pas vraiment des gros arrêts pour moi. Je ne voulais pas arriver trop tard à Chicago. J’ai fait un petit top à Wilmington avec son Gemini Giant au Launching Pad Restaurant et un autre à Joliet pour prendre un peu d’essence. J’avais encore une cinquantaine de kilomètres et j’étais sur la réserve. En principe, ça me suffisait largement (avec 20 km d’autonomie en rab en théorie) mais je ne voulais pas prendre le risque de tomber en panne aux portes de l’aéroport. Du coup, j’en avais pris pour 2 $ d’essence.

 

J’ai rejoint l’aéroport de Chicago par le sud. L’accès à la zone des locations de voitures n’était pas évidente. Je m’étais planté deux fois et avais du faire plusieurs demi tours, notamment parce que j’avais loupé l’entrée… J’ai finalement déposé la voiture en milieu d’après midi, mettant un terme au road trip. Dans ma tête, la route 66 était finie et je passais à autre chose. Je n’ai même pas pensé ensuite à rejoindre le point de départ de la route 66 dans Chicago, à West Adam street, en face de l’institut des Arts. Alors que j’étais passé à proximité le lendemain… J’ai trouvé par hasard un tronçon de la route 66 le lendemain, en rejoignant Union Station, qui était au bord de cette rue…

Fin/ début de la route 66

 

La remontée de la route 66 a été agréable malgré quelques problèmes d’orientations. Je n’ai eu aucun gros problème et dix étapes étaient peut être un peu juste. En terme de kilométrage pur, non. J’avais établis des étapes entre 200 et 550 km donc ça allait. Mais j’étais dans l’ensemble relativement fatigué le soir et cette fatigue au court du temps a bridé une partie de ma motivation pour visiter un peu plus les villes étapes ou faire d’avantage d’arrêts en cours de route. Cependant, je ne voulais pas faire le bourrin avec des journées de dingues. De plus, il y avait évidemment des limites de budget. Entre l’essence et les nuits dans les motels, ce n’était pas le segment le plus bon marché de mon voyage. La réputation de cette route 66 n’était pas usurpée et la suivre m’a permis d’avoir un aperçu des États Unis autre que le classique New York . La difficulté de certains tronçons était cependant très surestimée et un tout terrain n’était absolument pas nécessaire, même dans les parties abandonnées. Au niveau des paysages, l’Arizona était à couper le souffle mais j’avais également beaucoup apprécié l’Oklahoma et ses parties boisées.  Au bilan, j’ai parcouru près de 4 150 km, en incluant le détour par le Grand Canyon – Page – Kayenta. Sans cette petite boucle, la distance a été de 3 150 km environ soit 315 km par jour de moyenne.

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